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Les cow-boys sont chez Christie’s

En harmonie avec le renouveau patriotique, une toile de Thomas Eakins pourrait établir un record significatif pour la peinture américaine du XIXe siècle.


Thomas Eakins,
Cowboys in the Badlands, 1888
© Christie’s
NEW YORK. Une exposition au Musée d’Orsay, il y a quelques mois, lui a redonné une notoriété qu’il n’aurait jamais dû perdre en France. Thomas Eakins (1844-1916) est l’un des grands peintres américains du XIXe siècle. Après avoir étudié à la Pennsylvania Academy of Fine Arts, à Philadelphie, il parfait sa formation à Paris, sous la direction de Jean-Léon Gérôme. Passionné d’anatomie, Eakins fait un grand usage de la photographie, ce qui, après l’enthousiasme initial, n’avait plus bonne presse dans le milieu des beaux-arts, dans les années 1860… Quant à sa passion pour le nu, même si elle était nourrie de références antiques, elle lui vaudra quelques sévères inimitiés dans l’Amérique puritaine, et l’amènera à démissionner de ses fonctions d’enseignant à Philadelphie. Le chef-d’œuvre que propose Christie’s, avec une estimation de 5 à 7 millions $, n’a jamais souffert de ce genre d’ostracisme. ll est vrai qu’il est politiquement très correct… Il s’agit de Cowboys in the Badlands, une huile sur toile de près d’un mètre de côté, qui met en scène le personnage essentiel de la mythologie américaine. La peinture a été composée après un séjour de trois mois dans un ranch du Dakota en 1887. Fidèle à sa méthode, Eakins s’est servi de la photographie pour composer le groupe des deux cow-boys et de leurs montures. Les premiers plans, très « piqués », et le paysage lointain, composé dans une sorte de flou, le démontrent clairement. Dans le contexte international actuel, le tableau acquiert une dimension étrangement allégorique - jusque dans son titre. Ce qui pourrait bien faire « exploser » les estimations…


 Rafael Pic
22.05.2003