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Deux grands-messes pour l’art contemporain

L’ouverture simultanée de la Biennale de Venise et de la Foire de Bâle marque l’un des grands moments de l’année.


Balthasar Burkhard, Corbeau,
estampe, 1998/2000
© Courtesy Catherine Putman,
Editions, Paris
VENISE-BÂLE. L’une dure quatre mois et demi, l’autre quelques jours. Mais toute deux occupent une position comparable - de première grandeur - dans la création contemporaine. La Biennale de Venise ouvre le ban, avec sa 50e édition, dirigée par le critique Francesco Bonami. Non loin des Giardini, qui accueillent les pavillons nationaux, dont celui de la France, confié à Jean-Marc Bustamante, l’Arsenal est divisé en sept expositions thématiques. La plus alléchante est celle montée par Hans-Ulrich Obrist, qui se mesure à un thème fort tombé en désuétude, l’utopie, avec un panel très varié d’artistes, de Yoko Ono à Tino Sehgal. A Bâle, pas de grande nouveauté si ce n’est une originale contrainte budgétaire : un quart des pièces exposées par les 270 galeries coûteront moins de 5000 euros. Pour le directeur, Samuel Keller, l’inquiétude n’est pas de mise : « En termes de ventes, la foire va bénéficier du succès de celle de Miami. Nous attendons les grands trustees américains, notamment ceux du Guggenheim et du Musée d’art contemporain de Chicago avec lesquels nous restons en contact permanent par nos bureaux aux Etats-Unis. » Sur « Art Statements », consacré au jeune art contemporain, la création française sera bien représentée avec trois galeries sur l’échantillon de dix-sept : Chez Valentin, Michel Rein et Kamel Mennour, qui expose une nouvelle série de photographies de Kader Attia. « Art Unlimited » joue aussi un rôle de découverte en présentant des pièces inédites et monumentales, entre autres six coffres de Paul Mc Carthy rassemblant tous les accessoires que l’artiste a utilisés de 1973 à 1983 pour ses performances (galerie Hauser & Wirth). Ce département, qui empiète délibérément sur le terrain des biennales d’art, ne fait rien pour éclaircir la confusion croissante entre foires commerciales et expositions publiques. Seul gagnant, le marché ?


 Frédéric Maufras
13.06.2003