Accueil > Le Quotidien des Arts > Villeneuve d’Ascq, l’art moderne à la campagne

Musées

Villeneuve d’Ascq, l’art moderne à la campagne

Construit pour servir d’écrin à une collection privée, le musée lance un ambitieux programme d’agrandissement.


© Musée de Villeneuve d'Ascq
Le musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq fait partie de ces établissements qui ont préféré le calme de la campagne au bruit de la ville. Construit au début des années 80 par Roland Simounet (1927-1996), un spécialiste de l’architecture muséale, il prend place au coeur d’un vaste parc paysager situé à quelques kilomètres de la métropole lilloise. Des volumes en brique rouge qui s’emboîtent les uns dans les autres, des redents qui animent les façades et de multiples baies vitrées contribuent à l’intégration de ce bâtiment résolument moderne dans son environnement naturel. Car à l’origine il n’y avait rien… Tout a commencé en 1979 avec la donation de Geneviève et de Jean Masurel (1908-1991) et leur volonté de laisser à la postérité une collection d’œuvres du XXe siècle commencée 1905 par l’amateur d’art Roger Dutilleul (1873-1956). Dans des salles à l’atmosphère domestique – parquet de bois ou carrelage, ouvertures sur des terrasses extérieures et dénivellations – des toiles de Braque, Picasso, Kandinsky ou encore Léger dialoguent avec des sculptures de Laurens et des dessins de Modigliani. Ici, le visiteur se laisse guider par son œil et non par un parcours imposé. Ainsi, du Sacré-Cœur de Montmartre(1910) de Georges Braque à la Composition sur fond gris (1943) de Nicolas de Staël, on peut rencontrer le Paysage urbain (1921) de Léopold Survage ou les Trois personnages sur fond noir (1934) de Joan Miro. Parfois, des rapprochements d’œuvres permettent des comparaisons stylistiques intéressantes et riches d’enseignement comme ce masque Nimba de Guinée présenté à proximité des toiles cubistes de Picasso. Dès son ouverture, le musée a mis en place une politique d’acquisition d’art contemporain et possède aujourd’hui des travaux de Georges Mathieu, d’Olivier Debré ou d’Eduardo Arroyo. Selon la volonté de ses généreux donateurs, l’établissement est au centre d’un parc de sculptures. Aussi, on aperçoit à travers les arbres, un mobile de Calder, La Croix du Sud (1969) – déposé par le Musée national d’art moderne -, ou un récent achat, The Boxing Ones (1985) de Barry Flanagan.



Trois questions à Joëlle Pijaudier-Cabot, conservateur en chef

Le musée a vingt ans. Quels sont vos projets ?
Joëlle Pijaudier-Cabot. 2004 sera l’année des grands travaux pour le musée d’art moderne. Nous venons à peine de choisir l’architecte qui prendra en main le projet de rénovation : Manuelle Gautrand, arrivée en seconde place au concours de la Fondation Cartier. Cela se passera en deux phases. Une extension de plus de 2 000 mètres carrés permettra de loger une salle d‘exposition permanente pour la collection d’art brut qui nous a été léguée par l’association l’Aracine. Une modernisation des salles est également en projet, de manière à exposer par roulement la totalité de notre fonds d’art contemporain. Par ailleurs, un centre de recherche et de documentation va être créé à l’emplacement de l’actuelle bibliothèque. L’ensemble devrait être accessible au public dès 2006.

Avez-vous fait de récentes acquisitions ?
J. P-C. Actuellement, nous sommes en cours d’acquisition d’un grand nombre d’œuvres de la collection Breton préemptées par l’Etat. Parmi ces pièces importantes figurent un masque de Maisonneuve, deux assemblages attribués à des aliénés ou encore un fonds d’archives sur l’art brut. Par ailleurs, deux bas-reliefs de Derain – considérés comme les premières sculptures de l’artiste – ont récemment rejoint nos collections d’art moderne tandis que des photographies de Peter Downsborough ont enrichi notre présentation d’art contemporain.

Lille : capitale européenne de la culture en 2004. Et au musée ?
J. P-C. En septembre 2004, nous présenterons une grande exposition consacrée à l’art mexicain : Mexique-Europe, allers-retours 1910-1960. Aux œuvres de Diego Rivera et de Frida Kahlo s’ajouteront des travaux d’artistes européens soulignant les liens entre les deux continents. Pour le mois de décembre nous préparons une rétrospective de l’artiste du groupe Fluxus, Robert Filliou, en coopération avec le MACBA de Barcelone et le Kunstpalace de Düsseldorf.


 Stéphanie Magalhaes
14.06.2003