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Les ménagères du XIXe ménagent votre argent

C'est le moment d'acheter de l'argenterie, tous les experts vous le diront : le cours du métal est au plus bas. La gamme des objets utilitaires du XIXe siècle offre un large choix.


Ménagère de la maison Tétard,
185 pièces de 9 kg sans les couteaux,
adjugée 12 000 €, hors frais, par
Me Tajan le 24 mars 2003
On désigne aujourd'hui sous le nom de "ménagère" un ensemble de couverts en argent massif présentés dans un coffret recouvert de cuir. Alors que la bourgeoisie en plein essor cultivait les arts de la table, la ménagère est apparue, avec douze fourchettes, douze cuillères auxquelles s'ajoutaient douze couteaux et des pièces de service, telles que louches, couverts à ragoût, manches à gigot, pelles à tarte, cuillères à saupoudrer ou pinces à sucre. À partir de 1838, chaque pièce est frappée d'un poinçon "à la Minerve" qui garantit une teneur d'argent au taux de 950 pour 1.000.
À cette époque, les jeunes filles de la bonne société suivaient un enseignement "ménager", et rangeaient les couverts dans une "ménagère", bien que le mot ne soit apparu qu'au siècle dernier (en 1931 selon le dictionnaire Robert).
Le prix de ces coffrets à contenu variable se calcule en fonction du poids des pièces qu'ils contiennent. À la vente du 3 mars 2003 à l'Hôtel Drouot chez Me Millon, une ménagère de 161 pièces, pesant 7.850 g s'est vendue 6.600€. L'estimation de 7.000€ s'est révélée exacte à la vente de Me Tajan du 3 décembre 2002 por un ensemble de 156 pièces. "Dans une autre vente (le 24 mars), nous dit l'expert Arnauld de Charette, j'ai dénombré 301 pièces d'argent à la Minerve pesant près de 20 kg, que j'ai estimé 8.000€. Il s'agissait d'un ensemble exceptionnel de la maison Christofle", plus connue il est vrai pour sa production en métal argenté, qui vaut en moyenne deux fois moins cher que le massif.
Dans la vente du 20 avril à Drouot, une ménagère d'un modèle armorié de la maison Tallois et Tétard est catalogué par Me Massol avec une estimation de 9.000€, pour 138 pièces dont douze couteaux et pièces de service, d'un poids total de 6.520 g.
On retiendra parmi les critères de choix : le bon état du coffret d'origine, la qualité du travail et la finesse des ornements, et une composition diversifiée de l'ensemble, avec des plus-values pour les couteaux et les pièces de service.
Toute cette argenterie "à la Minerve", nettement moins chère que l'argenterie XVIIIe, constitue un placement sans risque, dont l'utilité fonctionnelle est également appréciable.


 Jean Bedel
14.06.2003