Les maîtres anciens, valeur refuge ?

Mercredi dernier, Christie’s organisait à New-York sa première vente importante depuis les attentats du mois dernier. Au programme, une centaine de peintures anciennes allant d’une Nativité florentine du 15e siècle à un Portrait du général Lafayette par Ary Scheffer. Résultat, une envolée des prix. Les quatre lots les plus chers ont presque tous doublé leurs estimations hautes. Un Portrait de Charles, Lord Strange par Van Dyck estimé à 50.000$ a été acquis pour un prix dix fois supérieur. Une toile exotique de Frans Post peinte alors que l’artiste travaillait auprès du gouverneur hollandais des territoires brésiliens a également dépassé son estimation de trois fois. Des records mondiaux ont été atteints pour deux peintres du 17e siècle, l’espagnol Antonio Ponce et le hollandais Christoffel Pierson. Quant au chef-d’œuvre de la vente, le seul ensemble complet de Jan Brueghel de Velours, les panneaux allégoriques des Cinq sens, il a été emporté à près de 4 millions de dollars alors que son estimation haute était de 2,2 millions.

De l’autre côté de l’Atlantique, à la maison Koller de Zurich, se tenait hier une vente tout entière centrée sur la Sainte Famille avec Saint Jean-Baptiste, une toile de Poussin demeurée dans le secret pendant plus de deux siècles. Elle a presque atteint son estimation haute en étant achetée à 2,4 millions de francs suisses soit plus de 10 millions de francs. Que faut-il voir dans cette tendance ? Une démonstration d’un repli du marché vers des valeurs plus sûres en des temps troublés ? Les résultats des grandes ventes d’art ancien de fin d’année devraient permettre d’y voir plus clair.