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Politique culturelle

Les FRAC sortent de l’adolescence

Les Fonds régionaux d’art contemporain fêtent leurs vingt ans, dans toute la France, avec un programme de deux cents événements.


Alain Séchas La pieuvre, 1990
© D. R.
« L’acquisition, la diffusion et la valorisation d’œuvres d’art contemporain » : telle fut la mission fixée, il y a vingt ans, par Jack Lang aux Fonds régionaux d’art contemporain. Une belle idée, qui a permis l’achat de quinze mille œuvres de trois mille créateurs. Durant les années qui suivirent, les critiques sont allées bon train. Le personnel embauché pour gérer ces fonds était souvent débutant, souvent perdu devant la masse de l’offre, rarement conscient de l’intérêt de donner à chacune de ces vingt-deux collections une identité et un lieu public, afin d’en permettre la visibilité. Résultat ? Des premières acquisitions parfois faites trop vite, à des artistes chaudement recommandés par les institutions politiques nationales ou locales, et un mystère planant sur la nature des stocks, ainsi que sur les prix pratiqués. Certains « chouchous » du ministère, Buren et Boltanski en tête, se sont ainsi vus gratifier d’achats conséquents réguliers. Une véritable rente, s’ajoutant à d’autres commandes publiques, qui a fait grincer des dents plus d’un jeune artiste éconduit. Bon an, mal an, l’aventure a pris corps, subi des améliorations. Certaines fortes personnalités, comme Bernard Goy, directeur du FRAC Île-de-France, ont su imposer leur jugement propre. Ainsi ce dernier a-t-il constitué une fort intéressante collection de peintures de jeunes plasticiens, en un temps où il était de bon ton de préférer les installations et la vidéo.

État des choses
Les commissaires de ce bilan, Bernard Blistène et Ami Barak, ont choisi ce qui leur semble incarner le mieux l’art récent. Soit, d’abord, l’aventure des installations, selon eux « un des aspects majeurs de la création contemporaine », présenté en Avignon cet été, au Palais des Papes. À Strasbourg, les dialogues entre le cinéma, l’architecture et l’art contemporain sont esquissés. Arles se penche sur la photographie. À Nantes, tandis que le château est réservé à la peinture, qui « n’a cessé de mourir et de renaître », le Musée des beaux-arts présente une histoire de l’art, des années 1960 aux années 1990. Nouveau Réalisme, Pop Art, Fluxus, Art conceptuel tardif, « Nouvelle Sculpture anglaise »... L’impression générale qui se dégage est celle de générations édulcorant les principes dadas du début du XXe siècle. Les objets kitsch de Koons ou les « prototypes d’objets en fonctionnement » d’Hybert apparaissent moins comme des monuments historiques que comme des gadgets commerciaux… que nos impôts ont permis d’acquérir à des coûts que l’on peut parfois juger excessifs. L’histoire de l’Académie prouve qu’en matière de clairvoyance, les institutions françaises ont souvent fait défaut. Au point que les meilleures foires internationales les accusent aujourd’hui de fausser le marché. Grâce au bilan entrepris cet été, l’avenir des FRAC , « l’un des outils les plus originaux de la politique française , aux dires de Jean-Jacques Aillagon, permettra peut-être d’enrayer le phénomène.


 Françoise Monnin
26.06.2003