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L’art remplit la Sucrière

La prochaine édition de la manifestation marque un changement de lieu, de date et de dimension.


LYON. « C’est arrivé demain », septième Biennale d’art contemporain, « arrivera » à l’automne et non plus pendant la période estivale. « Un changement de date nécessaire pour permettre à Lyon de s’inscrire efficacement dans le calendrier international de l’art contemporain et de se retrouver en phase avec la Biennale de la danse. Désormais, il y aura à Lyon un grand événement artistique à chaque rentrée » déclare le maire, Gérard Collomb. Forte de son nouveau statut de « Biennale française » conféré par le ministère de la Culture en 2002, « la Biennale entre dans une nouvelle ère de son histoire » s’enthousiasme l’édile. Elle quitte aussi son emplacement traditionnel au sein de l’immense Halle Tony Garnier, à l’architecture remarquable mais quelque peu écrasante, pour se déployer de manière multipolaire à travers la ville. Les 7000 m2 de la Sucrière sur l’ancien port industriel du Confluent en constitueront le cœur, le Musée d’art Contemporain, le Musée des beaux-arts, l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne et le Rectangle, les organes essentiels. Des navettes, sur le Rhône et la Saône, permettront de passer d’un lieu à l’autre… mais aussi, en vertu de la symbolique fluviale, de descendre ou de remonter le cours du temps.

L’Europe en ligne de mire
Si la nouvelle équipe de commissaires - un collectif composé des trois directeurs du Consortium de Dijon, de Robert Nickas et d’Anne Pontégnie - refuse de lester l’événement d’une thématique artificielle et réductrice, l’idée de temporalité en constitue cependant l’un des soubassements. « C’est arrivé demain », titre emprunté à un film de René Clair, pose la question suivante : est-il possible d’empêcher un futur programmé d’advenir ? La Biennale tentera d’y répondre en suivant deux grandes directions : la présentation d’une cinquantaine d’artistes de générations différentes et aux propositions hétéroclites, et l’accent mis sur la capacité propre à l’art de participer à l’invention du réel, mais aussi d’étonner et d’enchanter le spectateur. Thierry Raspail, directeur artistique, rappelle que « depuis ses débuts, la Biennale de Lyon a opté pour l’exposition contre l’exhibition ». C’est-à-dire pour la profondeur, la pensée, l’érotisme, l’œuvre remise au centre du dispositif, contre la « pornographie » de l’exhibition, la massification des œuvres et l’évanescence des modes. Il espère « pouvoir construire une véritable scène qui intéresse la France et l’Europe » et rêve pour le futur d’une « Biennale européenne ».


 Jean-Emmanuel Denave
27.06.2003