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Patrimoine

David échappe au régime sec

La polémique sur la méthode de restauration du chef-d'œuvre de Michel-Ange - ce sera de l'eau distillée - a été provisoirement tranchée. Mais elle ne demande qu'à rebondir…


© Galleria dell'Accademia, Florence
FLORENCE. Les autorités italiennes, qui souhaitent montrer au monde un David flambant neuf pour son 500e anniversaire en 2004, n'imaginaient certainement pas que l'opération prendrait un tour aussi dramatique. La restauration, qui aurait déjà dû être terminée, ne reprend en fait officiellement que cette semaine pour s'achever au printemps prochain. A l'origine de ce contretemps, une dispute homérique entre la directrice du musée de l'Accademia à Florence, Franca Falletti, et la restauratrice désignée, Agnese Parroncchi, sur la méthode à adopter. La première défendait la méthode humide - eau distillée et cellulose - tandis que la seconde préconisait la méthode sèche - avec une simple gomme et une peau de chamois.

Prise de Beck
La polémique a fait rage, et pas seulement entre ces deux prime donne. James Beck, un grand spécialiste de Michel-Ange et opposant notoire aux techniques «dures» de restauration, y est allé d'une tribune dans le Wall Street Journal, le 29 avril dernier. Le professeur Beck opposait la patience et le respect d'Agnese Parroncchi, prête à nettoyer l'anatomie du héros biblique pouce après pouce avec sa simple gomme, aux arrogantes méthodes qui ont récemment donné à la Fonte Gaia, célèbre fontaine de la Renaissance à Sienne, la teinte d'un plâtre bon marché. Il en appelait au ministre de la Culture, voire à un tribunal international, pour empêcher l'irréparable.

Rendez-vous au 15 septembre
La démission spectaculaire d'Agnese Parroncchi, qui soulignait notamment que l'usage de l'eau risquait de raviver les restes d'acide utilisés dans une restauration malheureuse au XIXe siècle, a envenimé l'affaire et lui a donné une dimension inattendue. Après avoir écouté les conseils avisés de nombreux spécialistes, le ministre de la Culture a décidé de persister dans la «méthode humide» en confiant le travail à Cinzia Parnigoni. Ce choix laisse augurer de vifs débats. Pour tenter de les désamorcer, un communiqué annonce que les interventions à l'eau distillée seront très brèves et qu'un premier état des lieux sera fait le 15 septembre.


 Carlo Farini
06.09.2003