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Luther King : quel prix pour la non-violence ?

Sotheby's vient de présenter à New York l'ensemble des archives du prix Nobel de la Paix.

NEW YORK. «Les écrits de l'un des vrais géants du XXe siècle» : ainsi le vice-président de Sotheby's, David Redden, présentait-il le 25 août dernier les quelque 7000 documents patiemment catalogués par la maison de ventes depuis six ans. Ils proviennent pour l'essentiel de la maison de Coretta Scott King, la veuve du pasteur assassiné en 1968. Cette immense production couvre près d'un quart de siècle, des exégèses bibliques de 1946, lorsque Martin Luther King, âgé de dix-sept ans, étudiait dans un séminaire d'Atlanta, jusqu'aux derniers sermons de 1968. En sont cependant exclus les éléments les plus intimes, comme les lettres d'amour à son épouse, et les écrits, tous antérieurs à 1962, détenus par l'université de Boston.

I have a dream
Martin Luther King écrivait sans trève. Les mille ouvrages de sa bibliothèque sont couverts de notes, des livres de Gandhi, qui l'influença profondément dans sa croisade pour une action non-violente contre la ségrégation raciale, jusqu'aux exemplaires des Evangiles ou au compte-rendu de la campagne présidentielle de Nelson Rockefeller. Martin Luther écrivait beaucoup et conservait tout. Les brouillons de ses plus célèbres interventions - I have a dream prononcé il y a exactement quarante ans, le 28 août 1963 ou le discours d'acceptation du prix Nobel de la paix en 1964 - montrent qu'il était perpétuellement à la recherche de la formule juste, forte, celle qui réussirait à captiver l'auditoire. La parole était son arme suprême, «une arme qui coupe mais ne blesse pas» pour reprendre sa définition de la non-violence.

Chéquiers et billets d'avions
On trouve aussi des pièces plus curieuses voire pittoresques, mais qui ne sont pas dénuées d'intérêt pour les historiens ou les biographes : les quelques pages du journal intime écrites lors de son emprisonnement en 1961 à Albany pour «désobéissance civile», les talons de chéquiers, les coupons de billets d'avion ou encore les reçus de paiements par carte de crédit. Sotheby's recherche un acquéreur pour l'ensemble du fonds, qu'il estime à environ 30 millions $. Un accord avait été quasiment conclu avec la Bibliothèque du Congrès en 2000 pour 20 millions $. Mais l'avis divergent des deux experts interrogés par l'institution sur l'intérêt de ces documents avait conduit à annuler la transaction.


 Charles Flours
06.09.2003