Accueil > Le Quotidien des Arts > En feuilletant Léonard

Le web

En feuilletant Léonard

Tourner les pages d'un carnet de Léonard de Vinci ? C'est désormais possible sur internet.


La British Library, l'équivalent de notre BNF, a pris un ambitieux virage numérique. Elle a annoncé au mois de juillet s'être lancée dans une entreprise pharaonique, qui prendra dix ans : la réalisation du catalogue digital de ses quelque dix mille manuscrits européens. Depuis 1998, l'institution exploite un système original, « Turning the pages », qui donne un semblant d'humanité à l'écran d'ordinateur pour la consultation d'ouvrages numérisés. En cliquant sur la page affichée, celle-ci tourne de façon naturelle, comme mue par la main du lecteur. Après le livre d'heures Sforza ou les Evangiles de Lindisfarne, c'est au tour d'un carnet de notes de Léonard de Vinci d'être placé en accès libre. Léonard est éternellement à la mode mais le moment est bien choisi : la grande exposition de ses dessins a fait le plein à Paris et New York. Et l'annonce du vol d'une de ses œuvres, La Madone au fuseau, dans la collection écossaise du duc de Buccleuch, le 27 août, a remis une nouvelle fois le maître toscan à la une.


Rêver Romorantin
Léonard a commencé ce carnet de notes - connu comme le manuscrit Arundel, du nom d'un de ses propriétaires - en 1508 mais il consiste en réalité en la réunion de feuillets disparates, réalisés sur une dizaine d'années, jusqu'à la mort de Léonard, à Amboise, en 1519. Seule une petite sélection des pages est disponible mais elle illustre les intérêts encyclopédiques du maître. Il y est question de systèmes de poids, de réflexions sur des miroirs concaves, de la transmission de la lumière et du son. On y trouve aussi des dictons populaires. Léonard utilisait une écriture dite spéculaire - qui se lit à l'envers, grâce à un miroir. Le logiciel, qui est muni d'une loupe, dispose également du bouton magique «Reverse», qui permet de retourner l'écriture… même si cela ne suffit pas à déchiffrer une graphie fort compliquée à nos yeux. Une page intéressera les lecteurs français (folios 270 et 271) : elle contient les esquisses pour une ville nouvelle à Romorantin, commandée par François Ier. Comme tant de projets de Léonard, elle ne vit jamais le jour.


 Charles Flours
06.09.2003