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Musées

Blérancourt scelle l'entente cordiale avec les Etats-Unis

Grâce à une convention de mécénat, le Musée de la coopération franco-américaine va connaître une importante extension.


Château de Blérancourt © Marc Poirier
BLERANCOURT. La terre de l'Aisne a connu une irrigation sanglante lors de la Première guerre mondiale. Tout près du front, dans le château ici construit au XVIIe siècle par Salomon de Brosse, s'installa une admirable organisation humanitaire, gérée par les femmes américaines : le CARD ou Comité d'aide aux régions dévastées. Au lendemain de la guerre, Anne Morgan, la fille du banquier John Pierpoint Morgan, procède à la restauration du château. Devenu musée national dans les années 1930, Blérancourt connaît une impulsion nouvelle, sous la férule de Pierre Rosenberg, avec un premier projet d'extension, signé par les architectes Yves Lion et Alan Levitt en 1989. Le pavillon sud peut désormais accueillir la collection consacrée aux rapports entre la France et les Etats-Unis depuis les années 1850.

Plus de 4 millions d'euros
Mais le musée manque encore cruellement d'espace. Chaque exposition temporaire impose le déménagement de la collection permanente. La solution réside dans la mise en état du pavillon nord. Grâce aux fonds recueillis par l'association The American Friends of Blerancourt, auprès de mécènes privés dont la fondation Florence Gould, ce sera chose faite en 2006. Cette collecte a rapporté 1,5 millions $, auxquels s'ajoutent 0,6 million $ versés par les membres de l'association. Le Ministère de la Culture apporte pour sa part une contribution de 2,44 millions d'euros, pour un total de 4,34 millions d'euros. La convention entre le Ministère et l'association, dirigée par Eugénie Anglès, a été signée le 3 septembre et se veut un exemple de la nouvelle politique de mécénat privé défendue par Jean-Jacques Aillagon.

Et la fréquentation ?
«Le musée va fermer de janvier 2005 à juillet 2006, explique Anne Dopffer, la conservatrice. Les travaux permettront un redéploiement de la collection, avec un véritable parcours entre les deux pavillons, et la création de réserves équipées. Et nous disposerons enfin de salles pour des expositions temporaires.» Les collections comprennent aussi bien des souvenirs tangibles de la Première Guerre mondiale - des uniformes, des brancards, une Ford T qui servit d'ambulance - que des toiles de maîtres américains, incluant Romaine Brooks ou John Singer Sargent. Le musée procède aussi à des acquisitions, avec l'aide de la Réunion des Musées Nationaux. «Nous avons récemment acquis, auprès de sa veuve, le fonds de dessins de Jean Hugo qui avait été interprète auprès de l'armée américaine pendant la guerre.» Il reste à espérer que le musée, que son éloignement coupe des grandes routes touristiques, connaisse une fréquentation - elle ne dépasse pas aujourd'hui 10 000 visiteurs par an - davantage conforme à l'intérêt de ses collections et de son bâtiment.


 Rafael Pic
09.09.2003