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Musées

Pluie d'or sur le Musée des tumulus

Le musée de Bougon, dans les Deux-Sèvres, fête sa première décennie avec les trésors de la nécropole bulgare de Varna.


Entrée d'un tumulus
© D.R.
BOUGON. A mi-chemin de Niort et de Poitiers, Bougon est entré en 1840 dans la géographie archéologique de la France, lorsque des érudits locaux y ont découvert des tumulus du Ve millénaire. Le département des Deux-Sèvres a eu une attitude pionnière : dès 1877, il se porte acquéreur du site, où les fouilles se succèdent pendant plus d'un siècle. En 1993 ouvre le Musée des tumulus. Dessiné par Jean-François Milou, il a eu un rôle précurseur dans le développement et la conception architecturale des «musées de site». «Un tumulus, c'est tout simplement un dolmen, c'est-à-dire un tombeau du Néolithique, recouvert d'une masse de terre et de pierre, explique la directrice du musée, Elaine Lacroix. Avec le passage du temps, beaucoup de ces tumulus ont disparu, ils ont été utilisés comme carrières par les agriculteurs. Ceux de Bougon ont été conservés intacts. La muséographie a consisté à les architecturer avec des parements et à les éclairer avec une lumière artificielle.»


Vue générale de quelques pièces
présentées dans l'exposition
© D.R.
Creusez votre pirogue
Le Musée des tumulus juxtapose en réalité trois structures sur un espace de 2 hectares : les tumulus, le musée proprement dit, qui expose les trouvailles locales mais aussi un dépôt important venu du Musée de Saint-Germain-en-Laye, et un parc d'animation. «Il ne s'agit pas d'un parc d'attraction. Nous y menons des expérimentations et des reconstitutions validées par le musée. Cet été, par exemple, deux archéologues ont commencé la reconstitution d'une pirogue en évidant un tronc de chêne avec des outils similaires à ceux de nos ancêtres.» En l'espace d'une décennie, les tumulus de Bougon se sont placés en tête de la fréquentation des musées de Poitou-Charentes, avec près de 35 000 visiteurs annuels.

Bijoux dans un carton à chaussures
Pour célébrer cet anniversaire, ce sont les célèbres bijoux de Varna qui ont été conviés. Les perles, représentations de bovidés et colliers exposés sont les premiers témoignages connus du travail de l'or. «Mille ans avant les Sumériens, deux mille ans avant les Egyptiens» précise Mariana Dontcheva, commissaire de l'exposition avec Elaine Lacroix. La découverte de ces pièces a été rocambolesque. C'est lors de travaux d'excavation, en 1972, dans la zone industrielle de Varna, qu'un ouvrier mit au jour des objets «jaunes». Intrigué, il les apporta, dans un carton à chaussures, à son ancien maître d'école, qui alerta les autorités. Devait s'ensuivre une série de fouilles, qui allaient produire un des plus riches butins archéologiques du siècle. «La disparition subite de la culture de Varna reste enveloppée dans le mystère conclut Mariana Dontcheva. Elle fut probablement due à une catastrophe climatique, qui provoqua une montée brusque du niveau de la mer Noire.» Peut-être ce fameux Déluge, mythe fondateur de notre civilisation ?


 Rafael Pic
15.09.2003