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Expositions

André François : l’humour sauvé du feu

Les expositions ne servent pas qu’à faire découvrir ou redécouvrir les œuvres d’art. Elles peuvent parfois les sauver.


Roule ta bille... Baignol et Frajon,
affiche, 320 x 129 cm, 1960
© Bibliothèque Forney
PARIS. C’est précisément ce qui est arrivé à André François. Dans la nuit du 7 au 8 décembre 2002, un incendie a complètement détruit l’atelier construit sur les plans de son fils en 1973, et toutes les oeuvres, et archives qui s’y étaient accumulés. Seuls ont été sauvés les 150 affiches et les documents que l’artiste avait confiés peu de temps auparavant à la Bibliothèque Forney pour l’exposition qu’elle préparait. «Bon pied, bon œil !» clame néanmoins la première affiche de l’exposition, qui invite à voir la vie avec assurance grace à Axa. Premier clin d’œil du jeune vieux monsieur de 85 ans qui a surmonté l’épreuve et persévère…


Citroën 2 CV, affiche,
© Bibliothèque Forney
Du côté de Prévert et des surréalistes
Les 150 affiches sont là, bord à bord, dans le moindre recoin des quatre modestes salles dont dispose la bibliothèque, tandis que documents, photographies, maquettes, couvertures et coupures de presse s’entassent dans de vétustes vitrines. Difficile de parler scénographie ou accrochage avec aussi peu d’espace et quelques spots au plafond. Les oeuvres sont classées tant bien que mal, par catégories «Produits de marque», «Tourisme», «Commerce», «Edition», «Spectacles», «Expositions», mais l’essentiel est de pouvoir les découvrir – certaines n’ont pas été exposées depuis 50 ans – ou redécouvrir. Chacune ménage une surprise et témoigne des multiples facettes du talent de cet artiste complet. Superposition de matières, récupération d’objets, jeu de mots, rébus : comment ne pas évoquer Duchamp, Magritte, les surréalistes ou Prévert ? Mais le style reste unique, toujours l’inattendu arrive. Et à travers les affiches en langue étrangère ou les couvertures de magazines internationaux, de l’Amérique au Japon, on s’aperçoit que cet humour subtil est universel .

Le New Yorker s'endort
Que choisir dans le monde d’André François ? Tout son bestiaire est là, de la baleine bleue emportée par son ballon rouge aux deux chevaux ou au poisson volant de Citroën. La pendule du Temps sur la couverture du «New Yorker» qui, pour dormir, a déposé ses aiguilles sur la table de nuit, Roland Petit et Zizi Jeanmaire sur une pointe, l’escargot qui a pris la place des moutons du «Nouvel Obs» ? «L’art va si vite, dit André François, qu’on ne sent plus le vent pisser.» Dépêchez-vous, il va encore plus vite !


 Danielle Arnaud
27.09.2003