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Marché

Biennale de Florence : les antiquaires côté peinture

Les tableaux redeviennent-ils la valeur refuge par excellence ? Leur domination à la manifestation florentine semble l'indiquer.


Cecco da Caravaggio, Nature morte
avec fruits, légumes et fiasque

(huile sur toile, début XVIIe siècle),
chez Enzo Marianelli.
«Traditionnellement, la Biennale de Florence avait trois points forts : les primitifs, le mobilier vénitien et le mobilier XVIIIe siècle français» explique Giovanni Pratesi, le président de la manifestation créée en 1959 par les frères Bellini et récemment rebaptisée Mostra Mercato Internazionale. Les deux derniers secteurs ont perdu de leur superbe ou fait de la Biennale de Paris leur centre d'attraction. En revanche, la peinture ancienne est en pleine forme. On se croirait revenu aux années d'or de Berenson, Duveen (le célèbre marchand qui enrichit les collections des grands musées américains) ou De Carlo, l'antiquaire dont les trésors ont alimenté, jusqu'à il y a peu, plusieurs ventes spectaculaires.


Petit coffre de fer incrusté d'or, avec
des médaillons de Henri IV et Marie
de Médicis
(milieu du XVIIe siècle),
chez Alessandro Cesati.
L'heure de Magnasco et Ceruti
Ainsi chez Moretti, qui se trouve simultanément (comme De Jonckheere ou Robilant) à la Biennale florentine et au Pavillon parisien, le retable de Bernardo Daddi (1320-1348) est une pièce de première importance. Cette Crucifixion, encadrée par une Vierge à l'Enfant avec deux anges et Saint François recevant les stigmates ne peut réellement intéresser qu'un musée. De Vittore Carpaccio, le grand maître vénitien, le New Yorkais Pandora expose une surprenante étude, Mains en prière, vibrante de vie malgré le sujet compassé. Certains peintres de première grandeur, mais pas encore estimés à leur juste valeur par le grand public, sont représentés par des pièces de choix. C'est le cas pour Paris Bordon (chez Canesso) ou pour le Génois Magnasco, un génie du clair-obscur, à la touche explosive. Deux de ses toiles sont exposées chez le Londonien Jean-Luc Baroni, qui a délaissé cette année Paris, et ses deux salons concurrents, pour l'Arno. Chez Robilant, on redécouvre avec plaisir Ceruti, un brillant réaliste lombard, adepte des scènes misérabilistes (ici avec un Paysan tenant sa fille dans les bras). Très admiré par l'historien d'art Federico Zeri, Ceruti voit son marché prendre de l'ampleur. Une de ses toiles, La Fileuse, a été acquise aux enchères le 5 avril dernier par la pinacothèque Tosio Martinengo de Brescia à 650 000 euros.

Opération transparence sur l'exportation
On ne saurait bien sûr réduire la Biennale florentine à sa seule dimension picturale. On y trouve aussi de la sculpture, des émaux de Limoges, des crédences florentines, etc. «Nous présentons un buste en marbre du XVe siècle dans la tradition des della Robbia et un cassone avec l'une des premières représentations connues de la bataille d'Anghiari, explique-t-on à la galerie parisienne Ratton Ladrière. C'est notre première participation mais c'est une décision logique : l'Italie est pour nous un marché très important. Nous y sommes en contact avec de nombreux marchands et collectionneurs». Les organisateurs sont satisfaits de démontrer que les services offerts sont désormais à la hauteur des plus grandes foires mondiales. La possibilité ou non d'obtenir un certificat d'exportation - une opération particulièrement complexe en Italie - pourra, pour la première fois, recevoir une réponse définitive dans la journée, grâce à la présence d'une commission spéciale du ministère de la Culture.


 Carlo Farini
29.09.2003