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Politique culturelle

EDF arbitre de la Nuit blanche ?

La seconde édition de la Nuit blanche parisienne veut surmonter les écueils de la première - queues interminables, sécurité approximative. Et les organisateurs espèrent éviter le black-out qui a affecté la petite sœur romaine…


Anne Ferrer, Cabane gourmande
square James Joyce, paris 13è
PARIS. Dans les années à venir, nous disent les experts, les pays développés vont cruellement manquer d'électricité. Les coupures spectaculaires de cet été aux Etats-Unis et de la semaine dernière en Italie l'ont prouvé. Dans ce contexte, la Nuit blanche doit désormais se lire comme un hymne à la Fée Electricité, dont on a trop cru qu'elle était une ressource inépuisable. Pour Christophe Girard, adjoint à la Culture à la mairie de Paris, le succès 2003 est garanti : «Plus de cent plasticiens participent à l'événement et la préfecture de Police, aux estimations généralement conservatrices, attend 800 000 noctambules.» La direction de la Nuit blanche est une tâche trop lourde pour un seul concepteur. Après le retrait de Jean Blaise, c'est un collectif de six commissaires qui est à l'œuvre cette année : Ami Barak, Pierre Bongiovanni, Robert Fleck, Camille Morineau, Gérard Paquet et Suzanne Pagé se sont partagés la ville. Pour éviter les affluences excessives de l'an dernier, des lieux plus ouverts et plus vastes ont été privilégiés.


Matali Crasset, Green screen,
vitrine Habitat, 8 rue du pont neuf,
paris 1er
Rendez-vous avec la Lune
Les jeux de lumière constituent évidemment un point fort de cette nuit. On pourra voir l'étrange géant de Samuel Rousseau enfermé à la Gaîté-Lyrique, des statues antiques photographiées par Keichi Tahara projetées sur la Bourse du Commerce, le nouveau bâtiment de la Caisse des Dépôts (1 quai d'Austerlitz, 75013) mis en lumière par James Turrell, le Canal Saint-Martin plongé par Yann Kersalé dans un éclairage argentique, l'Hôtel de Ville animé par Gilbert Moity. Ugo Rondinone installe pour cinq ans un arc-en-ciel au 3, rue de Bellièvre (75013) et Jan Kopp scrute la Lune sur la silhouette de la Grande Bibliothèque. Mais il y aura aussi de la danse avec plusieurs interventions disséminées de William Forsythe, de la vidéo (une rétrospective au cinéma l'Entrepôt, une création de Wim Delvoye à l'Institut d'Etudes Supérieures des Arts) ou des expositions «classiques» dans des galeries comme éof ou agnès b. A la Maison de la Poésie, on récitera Le Paysan de Paris d'Aragon et Simenon sera fêté à la Bilipo (bibliothèque des littératures policières).

Appel à sponsors
Plusieurs institutions adopteront des horaires étendus comme le Louvre (jusqu'à 23h45), le Centre Pompidou (jusqu'à 2 heures) ou l'Institut du monde arabe (jusqu'à l'aube). Parmi les initiatives originales, à noter l'ouverture de quelques piscines où les sportifs pourront faire des longueurs jusqu'à l'heure des croissants chauds, dans un environnement musical et coloré inattendu. Quel est le coût de cette manifestation ? «Un million et demi d'euros, pas un centime de plus, certifie Bertrand Delanoë. Cette année, les partenaires extérieurs y contribuent à hauteur de 300 000 euros, ce qui est trop peu. Nous ferons beaucoup mieux l'an prochain.» Sur le thème délicat de la sécurité - tout le monde se remémore l'agression subie en 2002 par le maire - ce dernier s'est montré sibyllin : «On va essayer de faire pour le mieux, afin que l'on puisse déambuler dans les meilleures conditions possibles. Et j'ai voulu qu'il se passe quelque chose à l'Hôtel de Ville. Ce ne sera pas le cas tous les ans. Mais cette année, j'y tenais particulièrement…»


 Pierre de Sélène
Rafael Pic
04.10.2003