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La France, grande puissance des puces

Le Mondial de l'Antiquité, qui se tient à Saint-Ouen jusqu'à dimanche, confirme la suprématie parisienne en la matière.


Le fer à l'époque d'Eiffel,
chez Marc Maison, Marché Paul
Bert © D.R.
PARIS. Les puces de Saint-Ouen, qui seraient les plus grandes du monde selon une analyse française (mais suivies de près par Portobello Road à Londres, le Rastro de Madrid ou Porta Portese à Rome), ont une vitalité surprenante. Leurs capacités de résistance et d'adaptation semblent infinies. Les chiffres communément avancés font état d'un chiffre d'affaires annuel de 4 milliards d'euros, dont 80% à l'exportation. Avant le 11 septembre, les Américains représentaient l'essentiel de cette manne : «au bas mot 60% de notre chiffre d'affaires» expliquait la semaine dernière au Figaro Magazine François Bachelier, le président de l'Association développement et promotion des puces de Paris-Saint-Ouen (ADPPPSO). Après l'attentat contre les tours jumelles, la clientèle américaine a, de l'avis unanime des marchands, à peu près totalement déserté les Puces. Dans n'importe quel secteur économique, une telle chute des revenus aurait entraîné une faillite spectaculaire. Pas ici… «Il ne faut pas chercher d'analyse rationnelle, explique un exposant au marché Serpette, devant d'anciennes valises Louis Vuitton. Les puces sont affaire de passion et l'on y absorbe mieux qu'ailleurs les cycles négatifs de l'économie


Livia Gorka,
chez Marie Grizot, Marché Paul
Bert © D.R.
Déballage monstre
Il faut dire qu'à l'origine, les puciers s'y connaissaient en art de la débrouille. Leurs ancêtres sont les chiffonniers qui occupaient le no man's land des fortifs, autour de Paris. Leur présence, tout juste tolérée au temps des murailles de Thiers, s'officialisa après leur démolition. Plus question, aujourd'hui, de toucher à ce patrimoine : en 2001, les puces de Saint-Ouen ont été classées en ZPPAUP (Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager). Le Mondial de l'Antiquité, organisé tous les deux ans, mais pour la première fois sous cette appellation, entend donner un coup de projecteur particulier sur cette galaxie de 2500 marchands, distribués en quatorze marchés, entre le périphérique, l'avenue Michelet et la rue Charles Schmidt. Les superbes compositions florales disposées dans la librairie Veyrier - l'une des plus grandes de Paris - signalaient dès jeudi matin une atmosphère particulière. La journée avait commencé par un événement inhabituel, un déballage, dès 7 heures, exceptionnellement ouvert aux particuliers. Après la soirée sons et lumières du vendredi 10, le week-end sera consacré à des expositions thématiques : «Fleurs et fruits» au marché Biron, «Intérieurs libertins» au marché Dauphine ou «Films mythiques» au marché Malassis. Une grande fête, qui devrait attirer plus de 100 000 visiteurs et qui laissera pour plus tard les questions épineuses : l'invasion des copies d'ancien et les importations illicites…


 Pierre de Sélène
10.10.2003