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Marché

Drouot dévoile sa saison d'automne

Les plus beaux objets des prochaines ventes sont présentés dans le cadre des traditionnels Temps Forts à Drouot Montaigne.


Eugène Delacroix, Hamlet
et Horatio au cimetière
,
1844, huile sur papier,
marouflé sur toile, vente
Beaussant-Lefèvre
le 10 décembre.
PARIS. Toute la magie de Drouot tient dans cet éclectisme, dans ce mélange des genres que l'on ne trouve nulle part ailleurs. Une visite à Drouot Montaigne, cette semaine, s'apparente à la plongée dans une caverne d'Ali Baba. Un portrait mondain de Jean Beraud, un peintre à la cote en ascension continue, voisine avec une belle icône crétoise du XVIe siècle sur le thème plus grave de la Mise au tombeau. En s'aventurant dans les galeries en surplomb, on découvre, à côté d'un grand tableau décoratif, un habit de cour et son gilet, autrefois dans la garde-robe des princes de Ligne. De retour au rez-de-chaussée, il faut se pencher sur les tables d'exposition : voici un bracelet en or de la maison Sterle, une broche Lalique ou une Patek Philipe à mouvement perpétuel. Dans les vitrines, une rare édition de Vitruve. Sur les commodes, des magots chinois à tête amovible ou un cartel en bronze doré d'époque Louis XV, signé Gallois. Dans la mezzanine, une table en placage de palmier de Mallet-Stevens ou un panneau laqué d'Eileen Gray.


Odilon Redon, Bouquet
de fleurs
, huile sur toile,
81 x 65 cm, vente Piasa le
12 décembre.
Modigliani tête de liste
L'absence de gros calibres parisiens comme Artcurial (l'un de ses composants, Aguttes, est cependant là), Tajan ou les anglo-saxons Christie's et Sotheby's enlève évidemment de leur intérêt aux Temps Forts. Les temps où maître Binoche adjugeait Les Noces de Pierrette de Picasso pour plus de 300 millions de francs (novembre 1989) ne sont plus. On se consolera en admirant tout de même quelques belles pièces, dans un contexte de prix assagis. L'estimation la plus haute concerne un portrait de Modigliani (3,5 millions d'euros chez Cornette de Saint-Cyr). Suivent un Vlaminck très coloré de 1906, Chatou à l'arbre rouge (1,2 millions d'euros chez Piasa), un bouquet d'Odilon Redon (1 million d'euros, également chez Piasa) ou encore une huile sur papier de Delacroix sur un thème shakespearien, Hamlet et Horatio au cimetière (500 000 euros chez Beaussant-Lefèvre). Une très délicate nature morte de Morandi semble particulièrement «accessible» à 350 000 euros chez Rieunier. Mais l'on pourra également être séduit par la paire de portraits d'Antoine de Favray (1706-1791), représentant l'ambassadeur de France auprès de la Sublime Porte, le duc de Vergennes, et son épouse (Beaussant-Lefèvre). Ou «craquer» pour ce James Tissot, à moins de 100 000 euros (Binoche), où les sombres boiseries du Confessionnal dégagent une étrange luminosité. A chacun de définir ses coups de cœur…


 Charles Flours
06.11.2003