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Florence, l'art à l'église

A l'heure où le projet «Grands Offices» prend son élan, un ouvrage attire l'attention sur le patrimoine des églises florentines.

FLORENCE. Le Musée des Offices s'apprête à donner une présentation spectaculaire à ses Caravage. Par ailleurs, le ministre de la Culture, Giuliano Urbani, vient de confirmer le projet «Grandi Uffizi» : un investissement de 60 millions d'euros pour porter, à l'horizon 2006, la surface d'exposition de 6000 à 13000 m2. L'occasion est donc parfaite pour rappeler que tout Florence, et pas seulement les célèbres Offices, est un extraordinaire musée. Un livre, publié sous la direction d'Antonio Paolucci, surintendant aux beaux-arts et ancien ministre de la Culture, en étudie un pan essentiel : les églises. Ce voyage en forme de pérégrination amoureuse nous mène du Baptistère San Giovanni à San Miniato, de Brunelleschi à Ghirlandaio en passant par Michel-Ange ou Masaccio.
Retrouver Dante et Michel-Ange
Tous ces lieux sont bien évidemment, avant tout, des prouesses architecturales. La coupole de Santa Maria del Fiore par Brunelleschi avait suscité l'admiration et l'incrédulité des contemporains. Cette architecture se revêt parfois de matières précieuses : les images de la chapelle des Princes ou de la Bibliothèque laurentienne montrent une profusion de marbres et de pierres dures et des plafonds à caissons. L'intérêt de l'ouvrage est de ne pas négliger le meuble derrière l'immeuble. Ainsi, pour San Lorenzo, après la description des structures, a-t-on droit à un inventaire du contenu, de la chaire de Donatello au retable Martelli par Filippo Lippi, du tombeau de Pierre le Goutteux par Verrocchio au Mariage de la Vierge par Rosso Fiorentino. Le propos manquerait d'originalité s'il ne nous amenait pas à redécouvrir quelques lieux méconnus des touristes comme la Badia ou les Santi Apostoli. On peut voir dans la première un superbe cycle sur la vie de saint Benoît par l'artiste répondant au doux nom de Maître du Cloître des Orangers. Dans la seconde, l'Allégorie de l'Immaculée Conception de Vasari a des déhanchements très maniéristes tandis que la belle pièce d'orfèvrerie du portefeu contient des pierres du Saint-Sépulcre. A voir le matin de Pâques, lorsque le char l'emportant est tiré par ses beaux bœufs blancs… Quant aux clés de lecture, elles ont parfois l'intérêt d'être très italiennes et pas seulement à l'intention des visiteurs occasionnels. Ainsi, à Santa Croce, vue comme un panthéon des grands hommes, du poète romantique Ugo Foscolo à Michel-Ange en passant par Vittorio Alfieri, Machiavel, Galilée ou encore Dante, l'auteur de la Divine Comédie.


 Nicolas Bodereau
28.02.2004