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Patrimoine

Versailles chantiers

Le ministère de la Culture lance une campagne de grands travaux au château, avec un investissement de plusieurs centaines de millions d'euros sur quinze ans.


Plafond de Mercure, Le Commerce
après restauration, photo : G.Dufrêne,
Mécénat BNP-Paribas.
VERSAILLES. La résidence de Louis XIV avait grand besoin d'une restauration d'ensemble. C'est du moins ce que laisse supposer le plan présenté à la fin du mois d'octobre par Jean-Jacques Aillagon et Christine Albanel, récement nommée présidente de l'établissement public. L'opération devrait s'étaler sur quinze ans, en trois phases. La première, de 2004 à 2008, a été dotée d'une enveloppe de 135 millions d'euros, répartis en travaux de sécurité (34%), d'amélioration de l'accueil (26%), de restauration (26%) et d'aménagement du Grand Commun. Cette immense bâtisse, autrefois hôpital militaire, devrait à terme rassembler tous les services administratifs de l'établissement public. Cette première phase verra également la restauration de la grande façade sur les jardins, dont les 414 fenêtres et porte-fenêtres n'ont été l'objet d'aucune intervention depuis plus d'un siècle, ainsi que celle de la cour de Marbre et de la cour Royale. Dans la partie centrale des jardins, il sera remédié à l'affaissement du bassin de Latone tandis que la replantation du bois du Grand Trianon sera poursuivie.


Plafond de Mercure, restaurateurs
pendant le nettoyage, photo :
G. Dufrêne, Mécénat BNP-Paribas.
Mécénat japonais
Jean-Jacques Aillagon ne cesse de le répéter : le mécénat doit constituer une ressource fondamentale pour Versailles, l'engagement financier des mécènes s'ajoutant à l'enveloppe du ministère. Le chantier le plus significatif à cet égard sera la restauration de la Galerie des Glaces, assurée par le groupe de travaux publics Vinci. Elle doit débuter au début de l'année 2004 et a déjà valu à l'entreprise le titre de «grand mécène», une nouvelle distinction établie par l'administration. Parmi les autres philantropes, on note une forte présence de groupes japonais. On doit à Hankyu la restauration en 2003 du Cabinet doré de la Reine. Nikkei se charge en 2004 des cabinets sur la cour des Cerfs et en 2005-2006 de la garde-robe de Louis XIV. Kubota, en 2004-2005, assume la restauration de la statue équestre de Louis XIV par Le Bernin.


Plafond de Mercure, médaillon central
après restauration, photo :
G. Dufrêne, Mécénat BNP-Paribas.
BNP-Paribas, une décennie d'intervention
Parmi les sociétés françaises, BNP-Paribas est celle qui se distingue par sa régularité. Après avoir financé la restauration du Repas chez Simon de Véronèse et l'Apothéose d'Hercule, un plafond de Lemoyne, elle a fait de même avec le plafond de Mercure, dans la Salle des Nobles de la Reine. Le directeur général du groupe bancaire, Baudouin Prot, a dévoilé lundi 17 novembre cette œuvre produite entre 1671 et 1680 par Pierre II Corneille. Il en a profité pour rappeler que l'engagement de BNP-Paribas remonte à 1994 et qu'il n'a pas été affecté par la fusion des deux instituts en 1999. Le coût de cette dernière opération, qui a duré onze mois ? 480 000 euros dont la moitié ont été apportés par la banque. Cela a permis de remettre en état quatre écoinçons, quatre voussures et une composition centrale dédiée à Mercure - à l'image des salles des planètes du Palazzo Pitti, à Florence - et d'effacer les effets désastreux des précédentes restaurations de 1814 et 1954. On sait que les techniques employées à Versailles se sont révélées particulièrement fragiles dès l'origine. Certaines toiles marouflées avaient d'ailleurs dû être reprises quelques décennies à peine après leur mise en place. Le marouflage réussi de la toile d'Aspasie sur une structure dite «en nid d'abeilles», démontable pour permettre des réfections futures, sera peut-être une solution à généraliser. Le coordinateur de la restauration a en tout cas promis que les matériaux modernes donneraient un siècle de tranquillité…


 Rafael Pic
18.11.2003