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Marché

La foire de Bâle prend ses quartiers d’hiver

La deuxième édition d’Art Basel Miami, du 4 au 7 décembre, montrera si la greffe en terre américaine de la célèbre manifestation a bien pris.


Art Statements. Mark Hosking,
To Catch A Mouse, 2003, 9
photographies couleurs imprimées
sur perspex et aluminum,
210 x 210 cm, (Courtesy Galerie
Kerstin Engholm , Wien)
© Courtesy Art Basel Miami Beach
MIAMI. Le secteur le plus «excitant», c’est évidemment celui des containers. Une vingtaine de galeries sont installées, à deux pas de la plage, dans ces énormes parallépipèdes métalliques, qui servent habituellement au transport des marchandises. Aménagés par les architectes suisses Steinmann et Schmid, ils sont munis de tous les raffinements nécessaires : air conditionné, installations électriques, film protecteur argenté contre le soleil, etc. Il ne s'agit là que d’une récréation dans leur existence : à la fin de cette semaine frénétique, dépouillés, les containers retourneront à leurs missions habituelles. Ce sont les galeries «cutting-edge», c’est-à-dire à la pointe de l’art contemporain, qui sont accueillies dans cette section intitulée «Art Positions». Sept sont américaines, quatre allemandes, deux hollandaises, une anglaise et deux françaises, Frank et Air de Paris. «Nous avons reçu énormément de visiteurs l’an dernier, précise-t-on chez cette dernière. Les gens venaient même en maillot de bain et pieds nus.» A côté d’une pièce sonore de Tricia Donnelly, Air de Paris présente des multiples de François Curlet faits à partir de panneaux de signalisation américains (9 000 euros).


François Curlet
Moonwalk, 2003
diodes mini-automates
alimenlt
70 x 60 x 50 cm
© Air de Paris, Paris
Timides collectionneurs sud-américains
D’une façon générale, les prix restent «sages» même si l’on est dans une région qui compte des résidents à très haut niveau de vie. Il s’agit sans doute de sensibiliser une nouvelle clientèle, locale ou sud-américaine, qui n’aurait pas été attirée spontanément par l’art contemporain. Du côté des exposants français, les contacts avec les Sud-Américains n’ont pas été très satisfaisants lors de la première édition. Air de Paris en a peu vu, tout comme la galerie Nelson, qui ne les a guère vu s'éloigner des galeries qu’ils connaissaient. Chez Di Meo, on annonce des prix dans l'ensemble contenus, «pour toucher un nouveau public». Font évidemment exception un Riopelle de 1952 à 475 000 euros ou une huile sur toile de Dubuffet de 1954 à 975 000 euros. Chez Nelson, si une œuvre de Thomas Schütte est partie l'an dernier à 250 000 dollars, cette fois les lots les plus importants - Thomas Ruff ou Guillaume Paris - ne dépasseront pas 50 000 dollars.

Du beau monde
A l'exception d'Art Positions et d'Art Video Lounge, également basé sur la plage, le gros des troupes, soit 175 galeries internationales, est accueilli dans le quartier Art déco, au centre de congrès. On y trouve Luis Adelantado et Juana de Aizpuru (Espagne), Chantal Crousel et Emmanuel Perrotin (France), Massimo de Carlo et Continua de San Gimignano (Italie), laquelle est récemment devenue un des poids lourds de la FIAC, Lisson, Waddington et White Cube (Londres), Paula Cooper, Barbara Gladstone, Marlborough, Pace Wildenstein et Luhring Augustine (New York), et les «multipolaires» Gagosian, Lelong, Karsten Greve, Gmurzynska, Thaddaeus Ropac, Hauser & Wirth… Bref, la crème de la crème : leur présence semble confirmer le pouvoir d'attraction de ce nouveau rendez-vous, de la même façon que Frieze a été plébiscitée il y a quelques semaines à Londres. L'essai est-il pour autant confirmé ? «Art Basel Miami est une foire dynamique, à l'organisation formidable, estime Philippe Nelson. Je pense cependant que pour s'ancrer dans le paysage, elle doit développer certaines de ses initiatives, comme l'ouverture au public de collections privées locales. Il faut que nous puissions en voir davantage. Enfin, je trouve consternant la quantité de foires qui existent aujourd'hui. Si cette multiplication continue, comment exister autrement qu'au plan régional ?» A cet égard, Art Basel Miami dispose d'un avantage considérable : ses liens avec son géniteur, la foire de Bâle, la plus importante au monde.


 Charles Flours
04.12.2003