Accueil > Le Quotidien des Arts > 2004, odyssée de Lille

Politique culturelle

2004, odyssée de Lille

La métropole nordiste reprend, avec Turin, le flambeau de Graz. Elle devient pour une année capitale européenne de la culture en proposant un riche programme de manifestations.


Patrick Jouin, Métamorphose de
la gare Lille-Flandres
© Agence Patrick Jouin
LILLE. Lille prend feu le 6 décembre pour le passage de témoin. Les festivités commencent avec un concert, sur la parvis de Lille Flandres : mille exécutants sous la direction de Jean-Claude Casadesus font revivre le Chant des chemins de fer composé par Berlioz pour l'inauguration de la gare. S'ensuit un spectacle de feu et de lumière, par le Groupe F, avec des illuminations de Jorge Orta et des sons de Pierre Henry, qui revient décidément à la mode. La nuit inaugurale se clôt sur un grand bal blanc, à l'image de ceux que produisait Man Ray pour pouvoir projeter les films de Mélès sur les invités. Ce n'est là que le coup d'envoi d'une manifestation qui va proposer sur une année entière des centaines de spectacles et d'expositions, à Lille et dans toute la région Nord-Pas-de-Calais.


François Azambourg,
Estaminet-dînette
© François Azambourg
Des tulipes aux robots
Les arts plastiques ne constituent pas l'essentiel des projets mais la quantité des expositions annoncées laisse deviner l'ampleur de la programmation dans les autres domaines, arts de la scène, musique, cinéma ou littérature. L'ambition affichée de Didier Fusillier, grand ordonnateur de Lille 2004, est d'éviter à tout prix une approche élitiste et de toucher tous les publics. La politique de mise en scène revêt donc diverses formes, d'installations à l'air libre comme celle de Yayoi Kusama - les Tulipes de Shangri-La, un rêve pacifiste planté sur l'esplanade François-Mitterrand - jusqu'aux expositions classiques dans les musées. Pour cette première saison (du 6 décembre 2003 au 5 mars 2004), on pourra voir une rétrospective Robert Filliou à Villeneuve d'Ascq ou un ensemble de 200 gravures sur le thème du carnaval au Musée du dessin et de l'estampe de Gravelines. Ou encore une assemblée de robots et de voitures visionnaires au Tri Postal, à Lille.

Chefs-d'œuvre voyageurs
A côté des manifestations temporaires, d'autres se veulent plus pérennes. Ce sont notamment ces «Métamorphoses», qui vont amener les Lillois à voir avec d'autres yeux leur environnement habituel. La gare de TGV a été teinte en pourpre par Patrick Juin tandis que François Azambourg a posé dans la rue son minuscule estaminet de verre de 6 m2 - probablement le plus petit restaurant du monde. Cette juxtaposition vise à jouer sur les différentes échelles de la ville, tout comme le programme des «Beffrois de la culture» entend souligner les liens que Lille entretient avec toute la région. Douze expositions vont amener des chefs-d'œuvre de l'art dans autant de communes dépourvues de musées : Rodin sera à la mairie de Liévin en janvier, Camille Corot à Saint-Pol-sur-Ternoise en février, Chardin en juillet à Licques, etc. Entre la réhabilitation du patrimoine bâti, portant notamment sur un ensemble de «cathédrales industrielles», et son budget de fonctionnement, Lille 2004 a mobilisé près de 150 millions d'euros et attend 15 millions de visiteurs. Dix euros par visiteur, c'est à peine plus qu'une séance de cinéma….


 Pierre de Sélène
05.12.2003