Accueil > Le Quotidien des Arts > Paris, capitale du mobilier XVIIIe

Marché

Paris, capitale du mobilier XVIIIe

De très belles pièces d'époque Louis XV passent en vente cette semaine. La plus remarquable, une table à coulisse d'Œben, pourrait atteindre le million d'euros.


J.-F. Œben, Table mécanique,
dite «table à coulisse»,
marqueterie d'époque Louis XV,
vers 1750-1755,
est. : 600 000 - 1 000 000 €,
chez Sotheby's, le 15 décembre.
PARIS. Si New York attire de très beaux meubles - une armoire de Boulle, dite de l'histoire d'Apollon s'y est vendue en octobre dernier pour 5 millions de dollars chez Christie's - Paris reste la place par excellence du mobilier français XVIIIe siècle. Les ventes de prestige de cette semaine, chez Sotheby's, Tajan ou Piasa, en fournissent de bons échantillons. La pièce maîtresse est cette table à coulisse, réalisée vers 1750-1755 par Jean-François Œben (1721-1763), un ébéniste originaire de Rhénanie qui sut s'attirer les faveurs des grands de l'époque. Ses tables «à transformation» furent commandées par le roi, par le fermier-général Grimod de la Reynière, par les ducs de Richelieu et de Grammont, etc. «Ce meuble a deux sœurs au Louvre et au Getty Museum, explique Brice Foisil, l'expert de Sotheby's. Elles sont de la même famille, avec de très petites variations portant sur les rinceaux ou sur les motifs de fleurs de la marqueterie. Sur les tables des deux musées, plateau et tiroir coulissent. Sur celle mise en vente, seul le tiroir est mobile. Il est recouvert de soie moirée, sur laquelle on s'appuyait pour écrire.» Ce meuble, estimé entre 600 000 et un million d'euros, pourrait fort bien être considéré comme trésor national. Mais il vient de l'étranger et ne se trouve donc sur le territoire français qu'en importation temporaire. Depuis son acquisition par le comte von Schimmelmann en 1768, il est demeuré dans des collections danoises.


Commode à côtés évasés, fin de
l'époque Louis XV, vers 1765,
H. 95 cm, L. 165 cm, P. 63 cm.
Est. : 250 000 / 300 000 €
chez Piasa, le 19 décembre.
Duo de commodes
On trouvera dans la même vente une commode à la grecque, simplement «attribuée» à Œben, avec une marqueterie de cercles entrelacés (entre 80 000 et 100 000 euros). Dans les grandes maisons de ventes françaises, on propose évidemment des pièces de qualité semblable et à peu près contemporaines. Chez Tajan, le 17 décembre, c'est un bureau plat de forme galbée, sur pieds cambrés, estampillé I. DUBOIS, avec trois tiroirs (270 000 à 320 000 euros). Chez Piasa, le 19 décembre, ce sera une autre commode un peu plus tardive (vers 1765). Portant l'estampille de C.C. SAUNIER (qui travailla avec Œben), elle est surmontée d'un plateau de marbre d'Alep, avec une ornementation de bronzes ciselés et dorés. Selon la tradition, elle aurait appartenu à lord Rothermere. Ses actuels propriétaires l'ont acquis lors d'une vente à la galerie Charpentier, menée par maître Ader il y a exactement 67 ans, en décembre 1936.


 Charles Flours
15.12.2003