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Patrimoine

Salle Wagram : boxer sous les fresques

La célèbre salle de spectacles parisienne lance un appel pour financer un cycle de fresques 1900 récemment redécouvert.


Fresque réalisée vers 1900; le
centre ovale était prévu pour
recevoir une glace.
© Salle Wagram
PARIS. On connaît la salle Wagram pour ses réunions de boxe, pour le bal de l'Internat ou pour les enregistrements discographiques, qui ont vu se succéder la Callas, Georges Prêtre ou Duke Ellington. On y a fait du patin à glace, organisé des salons du cycle et tenu des meetings en faveur de Sacco et Vanzetti. Plus récemment, les disciples traditionalistes de Monseigneur Lefebvre, partisans de l'office en latin, y ont célébré la messe avant de préférer la paroisse de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, tandis que Bertolucci y tournait Le Dernier Tango à Paris.


Enregistrement par Georges Prêtre
avec Rita Gorr, début des années 1960
© Salle Wagram
La ronde des ménades
Cette perpétuelle agitation mondaine avait fait oublier à beaucoup que la salle Wagram est aussi un élément du patrimoine architectural parisien, inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en mars 1981. Guinguette ouverte en 1812, la salle Wagram a été totalement rebâtie en 1865 avec un superbe plafond de l'architecte Lucien Gérard, riche en colonnes, en stucs, en cartouches décoratifs. En 2000, à l'occasion de travaux d'électricité, ont été mis au jour 128 m2 de fresques du début du XXe siècle. Inspirées des vases attiques, celles-ci présentent sur fond rouge une procession de danseuses accompagnant Dionysos.


La marquise de l'entrée, vers 1913
© Salle Wagram
Le million de la restauration
Une association vient de se créer, menée par Patrick de Buttet, le président du cabinet d'expertises APPAP, qui milite pour sa complète restauration. «L'association "Les amis de la salle Wagram" a été créée il y a un mois. A ce jour, elle compte une centaine de membres, explique Patrick de Buttet. Si le mobilier et les objets d'art peuvent être restaurés dans le cadre de l'entretien normal de la salle, il n'en va pas de même avec les fresques ou avec le plafond, qui nécessitent un travail fin et coûteux. Nous l'avons évalué à 1 million d'euros. Cela se ferait évidemment sans fermeture de la salle, grâce à des échafaudages escamotables.» Une restauration qui ménage les noctambules ? Voilà de quoi les motiver à donner leur écot…


 Pierre de Sélène
27.12.2003