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Expositions

Ce bois dont on fait les chefs-d'œuvre

Dans une exposition didactique, les Compagnons du devoir s'attachent à montrer la variété et la richesse des métiers du bois.


© D.R.
PARIS. «Ni se servir, ni s'asservir, mais servir» : la devise des Compagnons du Devoir, dont l'origine remonte au Moyen Age, pourrait s'appliquer au commissaire de l'exposition, Raphaël Campagnari, lui-même compagnon et architecte d'intérieur. Sa conception et sa réalisation ont en effet demandé cinq années de travail et ont fait intervenir deux cents jeunes en formation et trois cents professionnels. Autant dire que les valeurs humaines défendues par les compagnons - altruisme, générosité - ont été bien appliquées. Quant au respect de la nature, un autre de leurs principes de base, il est symbolisé par le matériau ici choisi : le bois.

Mot d'ordre : pédagogie
L'ambiance sonore - vent dans les feuillages, ronflement des tronçonneuses, bruits d'outil sur l'établi - les exhalaisons sylvestres, la possibilité de toucher les matériaux, le crissement des copeaux de bois que l'on foule : tout est fait pour donner l'impression de promenade en forêt. Il est vrai que la présentation se veut fort ludique. C'est la meilleure façon de sensibiliser un large public aux métiers du bois et de recruter de nouveaux adeptes. On commence bien sûr par le commencement, le bois. Comment est-il coupé, transformé, séché ? Des gigantographies accompagnent le visiteur le long du parcours et si les panneaux explicatifs sont parfois concis, ils sont efficaces. Un énorme globe terrestre - en bois évidemment - indique les lieux de provenance des différentes essences (séquoïa, chêne, hêtre, etc) utilisées à travers le monde. Un curieux «pupitre de densité» vous invite au jeu du kilo de plume et du kilo de plomb pour visualiser les densités : les cylindres en balsa, tulipier ou azobe ont tous la même masse mais leur volume varie grandement.

Le bois dans tous ses états
On regrette de ne pas voir un vrai compagnon au travail. Cette absence est en partie compensée par une vidéo où l'on peut décortiquer ses gestes et son savoir-faire. Des moulages inspirés par l'observation de la nature (feuilles de chêne, d'érable ou d'amandier) sont de véritables décors sculptés jouant sur les ombres et les lumières. Les techniques d'assemblage donnent aussi lieu à des créations originales et élaborées, comme celle-ci, composée de tourilllons de toutes sortes, qui peut se déployer. Le parcours se conclut sur une évocation historique, du Moyen-Age à nos jours. Y sont disposés, en un résumé ligneux, une imposante porte cochère d'époque Louis XIII, haute de 4,25 m, une commode dans le style Boulle, et un pot-pourri de notre après-guerre, composé de portes, de fenêtres, de panneaux et d'un escalier. En quittant cette petite exposition en forme d'initiation, on se prend à souhaiter une suite. Les métiers du compagnonnage ne sont-ils pas au nombre de vingt-trois ? A demain, donc, pour dévoiler les secrets de la chaudronnerie, du sellier-garnisseur, du plâtrier-staffeur-stucateur…




 Nicolas Bodereau
21.02.2004