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Marché

Enchères surréalistes à Londres

Les grandes ventes de février débutent avec un plateau appétissant : Dali, Ernst, Delvaux, Magritte et confrères.


Yves Tanguy, Sans titre,
1929, huile sur toile
Est. 550 000 - 750 000 £
Christie's Londres 2 février 2004
LONDRES. Le succès de la vente Breton en avril 2003, par l'étude Calmels-Cohen, semble avoir éveillé l'appétit des maisons anglo-saxonnes. Pour une fois que Paris donne l'exemple… En attendant une autre grande vacation parisienne, celle de la collection Daniel Filipacchi (le 29 avril chez Christie's, livres et manuscrits, pour une évaluation de 5 millions d'euros), la même Christie's, propriété de François Pinault, propose, mais à Londres cette fois-ci, un bel ensemble de peintures surréalistes. On peut trouver l'ensemble un peu lâche puisqu'il regroupe aussi bien des Ernst de la grande époque (La Fuite de 1940, inspiré par l'abandon de sa muse Leonora Carrington mais également prémonitoire du drame européen qui allait se jouer à l'issue de la «drôle de guerre») que des Dali un peu tardifs (Tour des heures aux papillons de 1964 avec les immanquables montres molles et béquilles), qui se bornent à décliner les «recettes» surréalistes avec trois décennies de recul.


Lyonel Feininger, Diabolo Players I,
1909, huile sur toile.
Est. 1 200 000 - 1 600 000 £
Sotheby's Londres, 3 février 2004
Un Delvaux sans la peau
Du maître catalan, on préfèrera évidemment la Vénus de Milo à tiroirs dont le plâtre original datait de 1936 (un tirage en bronze de 1964 est proposé à 250 000 £). L'estimation la plus élevée porte sur une huile de Tanguy, de 1929, Sans titre (550 000 £), dont la forme phallique est inspirée du pardon breton de Plonéour-Lanvern. On suivra avec attention les Magritte, Masson, Miro mais aussi les artistes «haussiers» comme Hans Arp, après son succès de la vente de mai chez Calmels-Cohen, avec une Configuration en bois peint de 1932 (150 000 £) ou Oscar Dominguez (dont une pièce vient d'entrer au Musée national d'art moderne grâce au mécénat de Ricard) avec El quinque y la paloma, une huile de 1942 (60 000 £). On n'oubliera pas de mentionner un curieux Squelette de Delvaux. Réalisé en 1944, il témoigne de la fascination durable exercée sur l'artiste par les collections du Muséum d'histoire naturelle de Bruxelles ou par les curiosités anatomiques Spitzer, vues sur les foires belges dans l'enfance.


Egon Schiele, Mädchen
mit Grüner Schürze
,
1910, gouache, aquarelle
et crayon noir sur papier
Esti. : 500 000 - 700 000 £
Sotheby's Londres, 3 février
2004
Feininger : à suivre
Auparavant, la session d'art moderne et impressionniste, toujours chez Christie's, aura réservé quelques belles pièces comme un Bouquet de fleurs de Cézanne (vers 1892-1895) ou un Portrait de Jeanne Hébuterne par Modigliani (5 millions £). On s'attardera sur un Feininger très coloré, Zeitungsleser (Newspaper Readers) de 1916. Estimé 2,5 millions £, il sera opposé à un tableau antérieur de l'artiste, Diabolo Players (peint en 1919, estimé 1,2 à 1,6 million £), proposé le lendemain par Sotheby's dans le cadre de sa vente d'art autrichien et allemand. Feininger sera-t-il la «valeur» de l'année, après les succès de Beckmann en 2003 ?


 Charles Flours
02.02.2004