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Marché

Arco a le vent en poupe

La foire espagnole, qui tient sa 23e édition, s’est installée dans le peloton de tête des manifestations européennes.


Antoni Abad (Espagne, 1956)
Sisyphe, 1995, vidéo en
boucle, dimensions variables
Fondation Arco, date d'acquisition :
1998 , commisariat : Comisión
asesora Arco Electrónico
MADRID. Qui aurait misé sur le succès d’un salon d’art contemporain dans l’Espagne post-franquiste ? Lorsque Arco a été créé en 1982, dans l’euphorie de la movida, rares étaient ceux qui lui auraient accordé de concurrencer un jour la Fiac ou Cologne. Pourtant, la greffe a bel et bien pris et le salon madrilène, dont le sigle reprend sans complexe les deux premières lettres des mots « art » et « contemporain », est désormais le plus fréquenté du Vieux Continent, avec plus de 200 000 visiteurs à chaque édition. Le succès public doit sans doute quelque chose à la multiplicité des initiatives et des partenariats. Le dernier en date vient d’être signé avec l’Armory Show new yorkais. Le Forum international d’experts, qui réunit des conservateurs et commissaires, sera cette année flanqué du Ier Congrès international d’études visuels, avec une forte ouverture sur le web art, où interviendront José Luis Brea (professeur d’esthétique et directeur de net.art aleph) ou Hal Holster, éditeur de la revue October.


Albano Afonso (Brésil, 1964],
Autoportrait avec Dürer,
2001, photographie trouée
102 x 80 cm. Fondation Arco,
date d'acquisition :
2001. Commissariat : Dan
Cameron et María de Corral
Arco collectionne
Un autre projet développé avec un certain succès est la constitution d’une collection d’art contemporain, par l’intermédiaire de la Fondation Arco. En un peu plus de quinze ans, grâce à l’appui de mécènes comme la caisse d’épargne Caja Madrid, ce sont environ 2 millions d’euros qui ont été consacrés à l’achat d’œuvres, sous le commissariat d’Edy de Wilde, autrefois au Stedelijk Museum ou, aujourd’hui, de Dan Cameron, du New Museum de New York, et Maria de Corral, de la Caixa à Barcelone. En 160 pièces, et à peu près autant d’artistes, c’est un panorama de la création mondiale qui a été constitué. On y trouve aussi bien la star Olafur Eliasson que José María Guijarro, originaire de Ciudad Real, dans la Manche, ou les Français Alberola, Blais, Boltanski, Buren ou Veilhan. Depuis 1996, la collection, qui a été exposée sur tout le continent, est accueillie en résidence au Musée d’art contemporain de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Vue sur la Grèce
Jeux olympiques oblige, c’est la Grèce qui est à l’honneur de cette 23e édition avec quinze galeries dont deux seulement avaient déjà fait le voyage (Tounta et Koroneou). On s’intéressera davantage à Antonopoulou ou à Els Hanappe, qui ont fait le choix de jeunes artistes grecs, plutôt qu’à Rebecca Camhi, qui présente Araki, que l’on n’aura aucun mal à trouver dans l’une des 277 galeries de la foire. Plus que dans d’autres manifestations, le lien avec la ville – Madrid en l’occurrence – est bien tissé. Des expositions et performances de plasticiens grecs sont programmées simultanément dans des centres culturels importants comme Conde Duque ou Canal de Isabel II. Et tandis qu’Arte Fiera à Bologne prend la voie de la spécialisation balkanique, Arco s’oriente logiquement, avec sa section Futuribles consacrée à la création expérimentale, vers l’Amérique latine. Alors que tout le monde pronostique un système à deux vitesses avec une ou deux grandes foires où l’on fait des affaires, comme Bâle, et une nébuleuse de salons régionaux alentour, n’attirant guère plus de 50 000 visiteurs, Arco semble démontrer la validité d’un modèle intermédiaire.


 Carlo Farini
12.02.2004