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Expositions

Eliasson, un hiver en Islande

Reykjavik laisse le champ libre à Olafur Eliasson, la nouvelle star de l'art scandinave.


Olafur Eliasson, Your Activity Horizon,
2004. Photo : Ari Magg
REYKJAVIK Il est désormais difficile de séparer l'artiste du «phénomène» médiatique qui s'est emparé de lui. Ces derniers mois, Olafur Eliasson, 37 ans, aura été consacré star de la création plastique nordique. Né à Copenhague de parents islandais, résidant aujourd'hui à Berlin, il a représenté le Danemark à la dernière Biennale de Venise, avant d'installer un monumental soleil à la Tate Modern. Ce Weather Project, qui occupe la grande halle du musée londonien, a été réalisé dans le cadre de la commande annuelle qu'Unilever passe à un jeune artiste. Il connaît une fréquentation spectaculaire. Au même moment, le Reykjavik Art Museum accueille cet enfant du pays pour une exposition qui se développe dans la quasi-totalité des anciens entrepôts maritimes.


Olafur Eliasson, Horizon series, 2002.
Photo : Ari Magg
L'horizon de néon
Comme l'indiquent les innombrables affiches placardées dans les rues de Reykjavik, il s'agit ici d'activités «de saison». Le titre de l'exposition, Frost Activity, annonce bien la température : un programme qu'Eliasson suit à la lettre en mettant en scène l'hiver nordique. La grande salle du rez-de-chaussée a été dotée d'un faux plafond revêtu de miroirs lui donnant des airs de fond abyssal glacé au milieu duquel on vient perdre son reflet et son sens de l'espace. À l'étage, une galerie d'objets souvent liés à la nature (sculptures de brindilles métalliques, pierres de lave…) constitue, avec une autre salle où le visiteur peut lui-même construire les formes de son choix au moyen d'atomes de plastique, l'espace de modélisation de l'exposition. À l'inverse, dans Your Activity Horizon, l'expérience visuelle envahit un autre espace à partir d'un dispositif dépouillé à l'extrême. Accrochée au mur d'une salle vide, une ligne de néons change progressivement de couleur : bleu, vert, jaune, rouge… comme autant de cyclothymies météorologiques. Entre ces deux pôles, des séries de photographies, l'une reproduisant des bâtiments de Reykjavik, l'autre, des lignes d'horizon, semblent vouloir ancrer dans le réel tout cet imaginaire sensoriel. Les installations d'Eliasson, à la manière de celles d'une de ses contemporaines, Ann Veronica Janssens, relèvent de l'indicible. Tant qu'on ne les a pas traversées, il est difficile de percevoir leur aura. C'est ce qui leur permet d'ailleurs de dépasser leur aspect de luna park enchanté.


 Frédéric Maufras
04.03.2004