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Expositions

YSL : ma vie avec les peintres

La fondation Yves Saint Laurent - Pierre Bergé débute son activité en exposant les robes que les grands peintres ont inspirées au couturier.


1980 : hommage à Matisse,
photo : Vincent Mercier
PARIS. Il faudra que les visiteurs en fassent leur deuil. Au siège de la jeune fondation Yves Saint Laurent - Pierre Bergé, dans l'immeuble historique du 5, avenue Marceau, l'essentiel est caché. C'est-à-dire, au sous-sol, des milliers de dessins : des patrons bien sûr, mais aussi des collages et, autre passion, des croquis de costumes de théâtre. Les premiers datent de 1952 - Yves Saint Laurent avait 17 ans - puis viennent les célèbres collaborations avec Roland Petit et Zizi Jeanmaire. Le premier étage est également gardé sous haute protection. Il y règne une atmosphère contrôlée de 18°C et une hygrométrie constante de 50%. Dans de grandes armoires métalliques ont récemment pris place les 5 000 modèles et quelque 15 000 accessoires, qui étaient jusqu'à présent conservés dans le XIXe arrondissement. Un atelier de restauration veille au bon état des coutures et remplace les perles et paillettes manquantes.


1966 : hommage au Pop Art, photo :
Vincent Mercier, Andy Warhol,
Portrait d'Yves Saint Laurent,
huile sur toile, 1972, 204 x 204 cm
Collection Yves Saint Laurent et
Pierre Bergé
À moi Braque, Picasso, Van Gogh…
Cependant, la fondation, qui vient de célébrer son inauguration, ne se limite pas à ces espaces pour historiens et étudiants de mode. Elle consacre un étage à des expositions temporaires. Les lieux sont plutôt exigus - 200 m2 - au vu des collections du célèbre duo. La présentation initiale, centrée sur les rapports d'Yves Saint Laurent avec les peintres, augure de ce qu'on verra plus tard : de l'art, beaucoup d'art. La cinquantaine de modèles et chapeaux et les quelques tableaux, dont une belle Nature morte au tabouret de Picasso (1914), sont mis en scène sur une longue tagliatelle de plastique blanc, qui rappelle les formes du mobilier de Verner Panton. C'est une atmosphère légère, très marquée années 70. Elle s'accorde parfaitement avec les robes inspirées par le Pop Art, voire avec l'époque Mondrian (1965), mais se marie plus difficilement avec les tournesols de Van Gogh ou avec les motifs de Picasso. Et lorsqu'un documentaire est projeté sur un coin de ce ruban, sa vision n'est point commode. On regrette surtout de ne pas voir davantage de dessins, surtout après avoir eu le privilège de visiter les réserves. Il ne reste plus qu'à vous faire passer pour journaliste…


 Rafael Pic
16.03.2004