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Politique culturelle

Zaha Hadid
Photo : Steve Double

Le Pritzker Prize se conjugue au féminin

L'architecte Zaha Hadid est la première femme à obtenir le Pritzker Prize, l'officieux prix Nobel de la discipline.


Opéra de Cardiff (non réalisé)
Zaha Hadid a longtemps été connue pour ses projets plutôt que pour ses réalisations. La saga de l'Opéra de Cardiff, jamais porté à terme, en fit une star en Grande-Bretagne dès la fin des années 1980. A l'orée de l'an 2000, Zaha, née en 1950 à Bagdad - c'est tout un symbole - construit enfin en dur. Elle commence par une station de pompiers pour le centre Vitra de design à Rhein, en Allemagne. Puis viennent un terminus pour le tramway de Strasbourg, un tremplin de saut à ski à Innsbruck, et son œuvre la plus ambitieuse à ce jour, le Centre Rosenthal d'art contemporain, à Cincinnati, qui a été livré il y a un an.


Projet pour le Musée Guggenheim de Taïwan
© Zaha Hadid
Ex-fan des Pet Shop Boys
Née à Bagdad, étudiante à Beyrouth puis à Londres, à l'Architectural Association, Zaha Hadid fait ses premiers pas dans le cabinet OMA du néerlandais Rem Koolhaas, qui a lui-même reçu le prix Pritzker en 2000. Elle s'y distingue par la virtuosité graphique de ses projets, qui poussent à leur extrême la résistance des matériaux en élongation et en torsion. Trop «diva», trop expérimentale, Zaha Hadid n'a pas de clients mais elle applique son talent en d'autres domaines : des décorations pour des restaurants à la mode, la mise en scène d'une tournée des Pet Shop Boys, du mobilier pour Sawaya et Moroni, un service à café pour Alessi. Quant à ses plans pour l'opéra de Cardiff, ils sont exposés aux Etats-Unis comme de véritables œuvres d'art.

Gares, ponts, opéras…
Avec le nouveau millénaire, le carnet de commandes de Zaha Hadid, désormais citoyenne britannique, se développe de façon spectaculaire, sur tous les continents. L'architecte est engagée en Italie pour trois commandes différentes : une station de car-ferries à Salerne, une gare pour TGV à Naples et le nouveau musée d'art contemporain de Rome, le MAXXI. En France, après l'échec au concours du Musée des civilisations de Marseille, elle travaille sur une médiathèque à Montpellier. Elle met la dernière main à une usine BMW en Allemagne et à l'extension du Musée Ordrupgaard à Copenhague. Sous d'autres latitudes, Zaha Hadid rivalise avec les cabinets les plus aguerris : elle dessine un pont à Abu Dhabi, un opéra à Guangzhou, en Chine, et le futur musée Guggenheim de Taiwan. Signe des temps, il a plus de chances d'aboutir que celui de Rio de Janeiro, confié à Jean Nouvel. Pour Zaha Hadid, le virtuel, c'est du passé…


 Pierre de Sélène
23.03.2004