Accueil > Le Quotidien des Arts > Un Tàpies peut en cacher un autre

Le web

Un Tàpies peut en cacher un autre

France 5 diffuse ce dimanche 18 avril, à 9h20, un portrait d’Antoni Tàpies, peintre graveur et sculpteur, dont une rétrospective de l’œuvre à lieu en ce moment au Musée d'art contemporain de Barcelone.

Aux origines de la création
D'abord ce sont des pieds. Les pieds d'un homme qui marche, confortablement chaussé d'une paire de charentaises authentiques : curieux chaussons, tachés de peinture, moulés à leur maître. Et puis ce sont deux jambes vêtues d'un pantalon blanc en coton léger avec de très fines rayures. Le plan s'élargit et c'est finalement un homme en pyjama qui apparait : nous voici dans l'atelier d'Antoni Tàpies. En 1942, alors qu'il n'avait pas 20 ans le jeune catalan est tombé malade, souffrant d'une fièvres mystèrieuse qui s'avèrera être une maladie pulmonaire ; il passera ainsi une année entière au sanatorium de Puig d'Olena. Son corps, bien qu'affaiblit, son esprit n'en est que plus alerte et au sortir de cette convalescence, il commencera à peindre. Faudrait-il voir cette maladie à l'origine d'une vocation artistique ? Aujourd'hui, à 80 ans, l'artiste est bel et bien en grande forme et continue de revendiquer l'idée que " l'art est un guide pour comprendre les comportements humains ". Daniel Hernandez, réalisateur, nous propose de suivre la carrière de cet artiste étonnant, riche d'une mythologie très personnelle et dont l'attrait pour le surréalisme, la psychanalyse, la religion ou encore la science n'ont cessé de nourrir le travail.

Un portrait réussi
Ce documentaire de 52 minutes s'articule autour de quatre œuvres charnières : un Autoportrait datant de 1942 qui fait référence à Miro et Dali, Forme noire sur carré gris (1960) qui fait songer à Brassaï et Dubuffet, Hesychasta (1996) en référence à un mouvement spirituel du 14è s. qui dit que quiétisme, paix et silence amènent la paix divine ; et enfin Journal I , II, III, IV, V daté de 2002, sorte de livre en 3 dimensions. Chaque œuvre est soutenue par une explication simple relayée par des commentateurs avertis et tous admirateurs de Tàpies : Dores Ashton, Manuel J. Bora Villel, Yves Michaux, Xavier Antich, Daniel Lelong... On nous explique pourquoi cette répétition de signes, tels que la croix et le T, ou encore en quoi la présence d'objets et l'importance de la matière et de l'écriture, une écriture faite pour se lire à l'envers, forcent le spectateur à dépasser les apparences. Aussi, ce qui pouvait passer pour une œuvre difficile d'accès ne peut que donner l'envie bien réelle d'en savoir un peu plus. Sans doute un portrait réussi à l'image d'un homme pour qui tout dans l'univers est en relation : à commencer par l'humanité et l'art.




 Anne Bichon
17.04.2004