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Six pièces pour Sissi

En consacrant ses premières salles au mythe de Sissi, le palais impérial de Vienne devrait doper sa fréquentation.


La balance de Sissi.
VIENNE. D'abord, évidemment, sa mort tragique, le 28 juin 1898. Voit-on l'outil du crime ? «Oui, répond la conservatrice Katrin Unterreiner. La fameuse lime qui a servi à la poignarder est la propriété de l'institut médico-légal de l'université de Vienne, qui l'a reçue à l'époque comme pièce à conviction. Elle n'était pas conçue pour tuer Sissi. Son assassion, l'anarchiste italien Luigi Lucheni voulait en fait attenter à la vie du prince d'Orléans, attendu à Genève. Mais ce dernier ayant annulé son déplacement à Genève, il décida de chercher une autre victime. Il la trouva en la personne de la comtesse de Hohenhebs, qui était descendue à l'hôtel Beaurivage. C'était en réalité le nom d'emprunt de Sissi…». Ainsi scelle-t-on un destin et consolide-t-on un mythe. La belle épouse de l'empereur François-Joseph meurt à 60 ans après avoir vu son fils Rodolphe se suicider, son cousin Louis II de Bavière se noyer et sa sœur, la duchesse d'Alençon, brûler vif dans l'incendie du Bazar de la Charité à Paris. Au veuf, François-Joseph, il restera à boire la coupe jusqu'à la lie avec l'assassinat du prince-héritier à Sarajevo et le déclenchement de la Première Guerre mondiale.


Les gants de Sissi.
Vrais poèmes, faux bijoux
Hors la lime, il y a les fameuses recettes de beauté, que l'apothicaire du palais respectait scupuleusement (le jour de l'inauguration, on pourra aussi en acheter quelques exemplaires à la maison de ventes Dorotheum), les habits ou les espaliers, qui lui servaient à entretenir sa forme physique. Il ne pouvait manquer des éventails, des ombrelles et les poèmes où elle consignait son spleen. «Les objets proviennent soit de notre propre fonds, que nous accroissons depuis six ans, soit de dépôts de collectionneurs privés. Nous avons bénéficié de l'appui d'un sponsor, les cristalleries Swarowski, qui se sont chargées de la reconstitution des bijoux de l'impératrice tels qu'ils apparaissent sur les toiles de Winterhalter que nous possédons» poursuit Katrin Unterreiner. Pour un budget de 800 000 euros, ce sont les six premières salles du palais impérial qui ont été adaptées. La fréquentation actuelle - 450 000 visiteurs par an - devrait connaître une embellie. «Nous attendons une croissance de 10%» concède, modestement, la conservatrice.


 Pierre de Sélène
24.04.2004