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Histoires de Salon

De 1648 à 1881, le Salon de peinture a été en France l'arbitre officiel du goût. Un livre en forme de répertoire aide à en décrypter l'influence.

A la création en 1648 de l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont le modèle fut calqué sur les «accademie» chères aux Italiens, rien ne laissait supposer que cet événement artistique et institutionnel allait connaître un si long et tortueux destin. Sa réputation grandit au fil des expositions, dont le rythme varie avec les bouleversements sociologiques, historiques et la valse des régimes politiques. On l'attend avec impatience, on le décrie, on craint ses sanctions, on critique ses choix avec véhémence, mais avant tout on y accourt. Au départ réservé à une certaine élite, dès le début du XVIIIe siècle il ouvre ses portes au public, toutes catégories sociales confondues. Sur ce fond de polémique qui enfle un peu plus à chaque édition, les déçus et les rejetés du sévère système académique ont l’idée de fonder le Salon des refusés : beaucoup y connaîtront la gloire, de Courbet à Manet. Au fil des pages, on traverse de petites sections dont le propos répond à une question précise : pourquoi le Salon fut-il si important pendant deux siècles ? Quel fut l’enjeu du Salon de 1789 ? Cinquante questions permettent au lecteur de mieux comprendre son fonctionnement complexe et d'approcher les «salonniers», critiques, artistes, hommes politiques et autres acteurs de ce cercle pas si fermé qui fit couler tant d’encre.

Stendhal copieur
Gérard-Georges Lemaire passe en revue les étapes-clef de l’histoire du Salon, de la naissance de la critique d’art comme genre littéraire à la création du premier livret, ancêtre du catalogue raisonné ; les modes et mouvements, du romantisme à l’orientalisme, y sont également évoqués, et la véritable histoire des impressionnistes et de l’école des Batignolles y est contée. Dans cet ouvrage construit en forme de répertoire, chaque partie peut être consultée indépendamment, ou l’ensemble lu d’affilée. Les anecdotes abondent, parfois surprenantes : la mystification de Stendhal critique d’art, qui plagia non moins de douze ouvrages pour écrire son Histoire de la peinture en Italie, empruntant même ouvertement au Traité des passions de Le Brun ; l’arrestation de Courbet pour avoir fait abattre, alors qu’il était ministre des Beaux-Arts sous la Commune, la colonne Vendôme, qu'il devra rembourser. Seul petit reproche : l’absence d’un index des thèmes explorés, qui aurait complété très à propos celui des noms propres.


 Elodie Palasse
30.04.2004