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Marché

Picasso = 100 millions de dollars ?

Le Garçon à la pipe que propose Sotheby's le 5 mai pourrait battre le record mondial des enchères.


Pablo Picasso, Garçon à la pipe,
1905, estimation : 70 millions $,
© Sotheby's
NEW YORK. Il y a exactement cinquante ans (le 6 mai 1954), le britannique Roger Bannister passait sous la barre des 4 minutes au mile. Picasso sera-t-il le premier artiste à dépasser une autre limite symbolique, celle des 100 millions de dollars ? Depuis 1990, le champion est Van Gogh avec le Portrait du docteur Gachet, adjugé 82,5 millions de dollars chez Christie's. Effacer ce record permettrait à Sotheby's, malmenée par des procès et distancée en termes de chiffres d'affaires par son éternel rival, de «rentrer dans la course». Le Garçon à la pipe, qui devrait être l'instrument de cet exploit, a été peint en 1905 par un jeune Picasso de 24 ans, tout juste arrivé à Montmartre. C'est une œuvre de grande dimension et, selon les experts, la plus belle jamais proposée de ses premières périodes (la rose en l'occurrence), qui sont aussi les plus coûteuses. Le tableau fait partie depuis 1950 de la collection Greentree, qui a alimenté de ses trésors les grands musées américains. John Hay Whitney, décédé en 1982, était l'héritier d'une dynastie industrielle et a été ambassadeur en Grande-Bretagne. Son épouse, une Roosevelt, a disparu en 1998.

Une broutille pour les Degas : 5 millions de dollars
Le produit de la vente doit aller à la fondation Greentree, dont l'objet est d'œuvrer en faveur de relations internationales plus harmonieuses. Dans ce produit qui oscille, selon les estimations, entre 130 et 160 millions de dollars, le Garcon à la pipe compte pour une bonne moitié : il a été évalué, avec précaution, à 70 millions de dollars, les experts ne voulant pas effaroucher de potentiels acheteurs par une indication trop impressionnante. Il est en bonne compagnie puisque sur la petite trentaine d'œuvres proposées, on compte également un Manet de tout premier ordre, Les courses au bois de Boulogne (1872), qui ne devrait pas changer de mains à moins de 20 millions de dollars et auquel certains attribuent sans hésitation près du double. Puis deux Degas, également sur le thème hippique, qui auraient fait figure de géants dans d'autres ventes mais qui prennent ici, face à la concurrence, l'apparence de «drouille» avec des estimations de 5 et 7 millions de dollars…


 Rafael Pic
03.05.2004