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Marché

Camard parle russe

La maison parisienne a organisé le 19 mai sa première vente d'art russe. Le tableau vedette, une nature morte d'Illya Machkov, ne s'est pas vendu mais Gontcharova a connu une belle réussite.


Illya Machkov (1881-1958), Nature morte,
vers 1912, huile sur toile, 70 x 100,5 cm,
est: 120 000 à 150 000 € © Camard
PARIS. «L'art russe, c'est plutôt à Londres, expliquait, avant la vente, l'expert Annie Bes. Mais on nous a proposé des pièces et un lot amenant l'autre, nous avons pu organiser une vente entièrement dédiée à cette spécialité. Il ne s'agit pas d'une seule mais de plusieurs collections.» Il y a quelques années, l'étude Gros-Delettrez avait été l'une des premières à se placer sur ce compartiment du marché, notamment avec l'art contemporain. Camard a privilégié les avant-gardes historiques avec des noms affirmés, de Bakst à Benois. «Il y a eu beaucoup de monde à l'exposition, poursuit Annie Bes, des Anglais et de nombreux Russes. Les lignes téléphoniques réservées pour la vente ont démontré l'intérêt du public»

Russes de Paris
La pièce de choix était une nature morte d'Illya Machkov (1881-1958), l'un des exposants du groupe Valet de carreau, lequel a récemment bénéficié d'une rétrospective à Monaco. Cette composition de fruits, éclatante de couleur, était estimée entre 120 000 et 150 000 euros. Les enchères ont atteint 110 000 euros, sous le prix de réserve, et le tableau a été par conséquent retiré de la vente. Une toile abstraite du peintre georgien David Nestorovitch Kakabadzé (1889-1952), estimée 80 000 euros, a connu le même sort tandis qu'un paysage portuaire d'Aivazovski (1817-1900), Vue de Feodosia, Crimée n'a été adjugé qu'à 49 000 euros pour une estimation minimale de 60 000 euros. Evaluations trop généreuses ? Pour les pièces moins dispendieuses, les surprises ont été plutôt positives. Ainsi, le lot 86, une gouache d'Alexandra Exter - un projet de costume pour le Roméo et Juliette donné en 1921 au théâtre Kamerny - a doublé l'estimation, à 31 000 euros. D'autres gouaches de costumes, celles de Natalia Gontcharova, se sont également bien comporté, passant d'évaluations de 4 000 euros à des résultats de 6 000 ou 7 000 euros. On regrette que le catalogue n'ait pas été plus fouillé en termes de description ou de provenance, notamment pour les lots les plus importants. Rendez-vous est pris pour la seconde édition.


 Pierre de Sélène
19.05.2004