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Patrimoine

Le Pont du Gard à la recherche d'une stratégie

Après des investissements très importants, aux résultats mitigés, le célèbre site antique inaugure un nouveau mode de gestion.


© D.R.
C'est l'un des plus beaux vestiges gallo-romains de France, ce fut le premier monument historique protégé par Mérimée. Sa célébrité est telle qu'il apparaît comme une icône débranchée de son environnement : il y a quelques années, une enquête a montré qu'un bon tiers des visiteurs ne savaient même pas qu'il servait autrefois d'aqueduc entre Uzès à Nîmes. Le Pont du Gard, manne à touristes, donc vache à lait à la rentabilité assurée ? Ces dernières années, il en est allé tout autrement. La Chambre de commerce de Nîmes, qui le gérait, a procédé à des travaux d'envergure : construction d'un musée, élimination de la circulation automobile, des parkings et des tennis privés. Des investissements très conséquents dont l'amortissement a été problématique : l'an dernier, confrontée à un déficit abyssal, favorisé par la désastreuse inondation de l'automne 2002, qui a notamment détruit le système d'illumination de James Turrell, la Chambre de commerce a passé la main au département, qui a créé l'un des premiers EPCC, ou établissement public de coopération culturelle, de France. Avec pour objectif de retrouver l'équilibre financier.


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Les sirènes de Paris-Plage
Oublié les budgets pharaoniques comme ce déplacement princier de 150 journalistes par avion spécial à Séville en 1992 pour présenter le projet de nouveau Pont du Gard ! En 2000 et 2001 le site a connu des déficits d'exploitation de l'ordre de 6 millions d'euros, et de plus de 4 millions en 2002. Pour corser le tableau, après une année record en 2001 (1,4 million de visiteurs dont environ 40% d'étrangers), la fréquentation a chuté à 1,1 million de visiteurs, avec à peine un quart de cet effectif se dirigeant vers les animations payantes comme le musée de 2500 m2, pourtant fort bien conçu, qui dévoile tous les secrets de construction et de fonctionnement d'un aqueduc romain. L'équipe dirigée par le directeur général Bernard Pouverel s'est donc donnée comme objectif de «doper» la fréquentation. Les tarifs d'entrée ont été revus à la baisse et, pour séduire la clientèle locale (15% du total) qui a un peu déserté les lieux, on a adapté la recette qui a fait florès à Paris avec les «plages du Pont du Gard», qui seront ouvertes du 15 juillet au 15 août. Avec 165 hectares d'espaces protégés, dont 15 hectares d'un parcours-modèle dans la garrigue, et un ensemble complet d'équipements culturels (médiathèque, musée, ludothèque pour les enfants), le Pont du Gard n'a jamais été aussi bien mis en valeur. Reste à affiner le modèle économique…


 Rafael Pic
25.05.2004