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Expositions

Mises à nu à la galerie Vu

Darzacq et Engström essaient, chacun à sa façon, de voir derrière les apparences. Le seul refuge à l'uniformisation n'est-il pas dans la vie intérieure ?


Denis Darzacq, Nu N°2
© Denis Darzacq / Galerie VU
Si Denis Darzacq n’existait pas, il faudrait l’inventer ne serait-ce que pour avoir imaginé qu’on puisse se promener nu au milieu d’une résidence pavillonnaire… «En voyageant en Chine, je suis tombé sur une publicité pour les villas Phénix. Et là, j’ai réalisé qu’on allait tous habiter les mêmes maisons, aux États-Unis, en Europe, en Asie» explique-t-il. Denis Darzacq traque, à travers cinq hommes et six femmes, l’uniformisation des corps, en chair et en costume d’Adam dans des zones urbaines, où les stéréotypes architecturaux atteignent leur apogée.

Parallèlement et toujours en quête de réel désincarné, il nous propose une contre-enquête sur la présence d’objets volants non identifiés sur fond de nuages et de ciel radieux, en usant d’une astuce visuelle : le reflet dans la vitre de certains plafonniers et autres lampes à éclairer l’humanité. Ainsi sa série «Fakestars» loin de vouloir nous inquiéter quand à l'existence d'autres formes de vie dans l’univers, prend le contre-pied de l’ambition photographique qui consiste à prouver que la chose photographiée a existé.


JH Engström, New-York 1996
© JH Engström / Galerie VU
Ni vu, ni connu
Dans une autre mise à nu et à l’occasion de la parution d’un second ouvrage Trying to dance, la galerie Vu propose de découvrir pour la deuxième fois en France, après une exposition à l’artothèque d’Angers en 2002, le travail du photographe suédois JH Engström. Élève de Christer Strömholm puis assistant d’Anders Petersen, Engström livre, avec cette liberté dont il a hérité, l’autoportrait de son existence.

Difficile à saisir, il alterne couleur et noir et blanc, flou et précision, prise de vue rigoureuse et aléatoire, le tout dans une accumulation de photographies dont on pourrait penser qu’elles sont de plusieurs auteurs différents. Ce sont des paysages, des lits défaits, des fins de repas, des intérieurs, des nus impudiques de lui-même et de ses amis. La couleur passée voire pastel ou presque décolorée de certaines photos, la griffure d’un négatif noir et blanc ont une forte charge émotionnelle. Ce travail fait songer à l’empathie féminine de Nan Goldin, à la touche picturale d’un Lucian Freund ou encore au réalisme de William Eggleston. Comme si la réalité était secondaire et comme si le plus important était le regard mélancolique d’un être sur sa vie.

Denis Darzacq "Nu" et "Fakerstars"
JH Engström "Trying to dance"
Galerie Vu’ du 28 mai au 4 septembre 2004


 Anne Bichon
30.06.2004