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Politique culturelle

Campagne australienne pour le musée du quai Branly

L’institution consacrée au «arts premiers» veut médiatiser les actions de mécénat et entend rechercher ses contributeurs à l’étranger.


Patrick Ricard et Stéphane Martin,
respectivement PDG de Pernod-Ricard
et du Musée du quai Branly.
© DR
PARIS. Pour les grands musées qui ont la forme d’établissements publics, la recherche d’argent privé est une nécessité. Certains ont une longue expérience en la matière. C’est le cas de Versailles où, outre la restauration de la Galerie des glaces financée par l’entreprise de BTP Vinci, un bosquet de Le Nôtre, celui des Trois Fontaines, vient d’être reconstitué grâce à un apport de 4 millions € de l’association des American Friends of Versailles. Au Musée du quai Branly, qui doit ouvrir au début 2006, on espère bien, à terme, jouer un rôle modèle en termes de «fundraising» mais les sommes en jeu sont pour l’instant plus modestes.

Textiles anciens au Pérou
«Il n’est pas facile de convaincre des mécènes lorsqu’un musée en encore en construction, explique Martine Aublet, chargée de mission pour le mécénat, Mais nous avons choisi, dès le début, de rendre toutes les initiatives très visibles, à l’américaine. Il faut que cela représente une valeur pour l’entreprise, qu’elle puisse en parler à ses actionnaires, à ses employés.» L’apport de Pernod-Ricard – un million d’euros pour la construction de terrasses – a ainsi fait l’objet d’une communication sans complexe où l’on voyait Stéphane Martin, président-directeur général du musée, et Patrick Ricard, casqués, visitant le chantier. Un autre million, pour la période 2004-2006, vient d’Euro RSCG, sous forme d’apport de compétences en communication. «Un objectif idéal serait de réunir 6 millions d’euros d’ici à l’ouverture, poursuit Martine Aublet. Une fois le musée ouvert, le mécénat accompagnera toutes les expositions, tous les événements, contribuera aux bourses pour les chercheurs, et permettra de financer des actions à l’étranger : par exemple pour numériser des fonds photographiques au Sénégal ou pour restaurer des textiles anciens au Pérou. C’est une façon de sauvegarder le patrimoine des cultures que le musée présente.»

950 000 € pour les aborigènes
L’équipe chargée de trouver ces fonds est très réduite et ne devrait guère croître : une personne à temps plein aujourd’hui, seulement trois ou quatre à l’horizon 2006. L’établissement, il est vrai, n’a pas la folie des grandeurs : il compte deux cents employés contre neuf cents au Centre Pompidou ou deux mille au Louvre. Quelles sont ses priorités ? Des contributions pour les interventions d’artistes sur la grande palissade de verre que Jean Nouvel a voulu pour délimiter le musée ; pour le «silo» à instruments de musique ; pour l’illumination du jardin de Gilles Clément. Un projet ambitieux a pour objet la réalisation de fresques aborigènes : 950 000 euros sont nécessaires. Les mécènes traditionnels n’ont, pour le moment, pas répondu et la recherche s’oriente vers les entreprises françaises implantées en Australie. Le musée a aussi, depuis 2002, une société des amis, qui compte à ce jour soixante-dix membres. Elle est présidée par Louis Schweitzer, le patron de Renault. Son rôle a déjà été important dans la restauration du mât Seligman, d’un coût de 100 000 €, qu’elle a financée à hauteur de 30%.


 Rafael Pic
05.07.2004