Accueil > Le Quotidien des Arts > Tissus coptes sur le métier

Musées

Tissu à la danseuse
© Photo : Denis Pillet
Musée Dobrée, Nantes


Tissus coptes sur le métier

Pour célébrer la restauration de 20 pièces textiles, le musée Dobrée révèle ses richesses en art copte.

Chrétiens d’Egypte, les coptes sont minoritaires dans un pays converti à l'Islam. Conservés grâce à des conditions climatiques et géologiques exceptionnelles, un air sec dans un terrain stable, les tissus coptes ont gardé toute leur fraîcheur. Des débuts du christianisme en 380 avant J.C. à la domination musulmane au 7e siècle, les artistes ont produit vêtements, tissus d’ameublement et même linceuls, au 3e siècle, dans ces précieux tissages. Si le filage était occupation domestique, le foulage, traitement des fils, et la teinture se faisaient dans des ateliers. De nombreux instruments, fuseaux, peignes à tisser, quenouilles accompagnaient le défunt vers l’au-delà. Il revient donc à l’archéologie de nous renseigner sur ces méthodes de fabrication. Aucun métier à tisser n’a été retrouvé sur le sol égyptien, seules les représentations peintes font office de témoignage.

Neuf pièces de l’exposition présentent les fouilles d’Albert-Jean Gayet (1856-1916) à Antinoé, en Moyenne Égypte, ville fondée en 130 par Hadrien. Les trouvailles archéologiques inhumées ont ensuite été transportées à l’Exposition Universelle de Paris en 1900. Si le 19e siècle a favorisé les recherches sur le terrain, le 20e s’approprie l’art copte en remettant ces tissus à l’honneur. Sarah Bernhardt n'hésite pas à porter une tunique et un châle copte dans Théodora en 1902. L’iconographie reprend des thèmes nilotiques, ou représentations simplifiées de la vie quotidienne sur le Bassin méditerranéen, les dieux grecs, des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testaments. Danseurs et cavaliers reviennent de manière récurrente dans les tissus. Il n’est pas rare de trouver Dionysos et les saints sur une même pièce.

Le processus de restauration des tissus est présenté aux visiteurs. Six panneaux et vitrines présentent les matériaux et techniques utilisés pour rendre à ces œuvres, vieilles de 2000 ans, leur apparence initiale. Des tissages contemporains de la coopérative des femmes d’Akhmîm, au sud du Caire, présentés en parallèle, font revivre cet artisanat. Il est intéressant d’observer la similitude d’inspiration au-delà des siècles. La restauration de ces pièces est un beau prétexte à déployer les collections encore inédites du musée nantais.


 Stéphanie Magalhaes
19.10.2001