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Expositions

Chandeliers muraux
© Leerdam, Stichting Familie Vrouwenhofje
van Aerden

Rococo et ses frères

Le Rijskmuseum d’Amsterdam ressucite le rococo hollandais et le compare aux autres écoles nationales.

De 1735 à 1770, un style s’impose en Europe, le rococo. Phase finale du baroque, ce courant artistique dépasse les limites décoratives en ornant architecture et objets d’art de fioritures lourdes et alambiquées. Inspirés principalement de la nature, les motifs principaux déclinent coquillages, vagues, rochers et feuillages. S’il faut attribuer la naissance de ce courant à la puissance créatrice française du 17e siècle, aucun pays n’a résisté au charme de ce style et chacun a su y intégrer un caractère propre. La diffusion de gravures dans toute l’Europe a multiplié la rapidité de divulgation des motifs rococo. Dès le 19e siècle, ce style, alors jugé trop éloigné du goût de l’époque, a subi la dispersion de ses principaux chefs-d’œuvre. Le rococo néerlandais n’y a pas échappé.

L’exposition met en scène 250 objets d’art présentés dans un décor conçu par le créateur Paul Gallis. Si l’accent est mis sur la production néerlandaise, des exemples de créations internationales viennent compléter cet éventail d’œuvres : sculptures, peintures, art décoratif et même architecture intérieure. Le règne du stathouder Guillaume IV (1747-1751) a été révélateur d’un dynamisme artistique qui n’est pas sans rappeler les rôles successifs de Frédéric, prince de Galles et de Frédéric le Grand à Berlin. Il pratique une politique active de commandes, telles que celle des deux chandeliers argentés de Carlini, des fauteuils décorés de 1747 et d'objets décoratifs en or. Dans un tel contexte, les artistes nationaux tirent parti de l’enseignement des œuvres importées. Le mobilier et le travail du bois occupent une place d’honneur dans l’exposition : les boiseries de l’hôtel particulier du Keizersgracht ,détruit au 19e siècle, témoignent du style très caractéristique d’Amsterdam et rivalisent d’exubérance avec les cadres sculptés, tandis que les œuvres de Matthijs Horrix ou Andries Bongen reproduisent le style français . Toutes ces œuvres sont restées dans l’ombre de la prééminence française en attendant cette légitime réattribution .


 Stéphanie Magalhaes
03.11.2001