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Marché

Artissima : une FIAC à l’italienne ?

La 8e édition du salon turinois d’art contemporain, qui s’ouvre aujourd’hui, marche sur les brisées de son aîné parisien.


Gerwald Rockenschaub,
Sculpture, 2001,
inflatable object, pvc
© Galleria Massimo Minini
Créé il y a huit ans, le salon Artissima déménage vers Torino Esposizione, lieu des premiers salons de l’automobile, près du parc de Valentino, dans un pavillon dessiné par Pier Luigi Nervi. A l’origine, réunion de galeries d’art moderne et contemporain, la manifestation a pris il y a trois ans le virage du tout contemporain et souhaite désormais s’afficher comme un laboratoire de tendances. Parmi les 150 exposants, on remarque des galeries «historiques» comme Giorgio Persano ou Gio Marconi, des «avant-gardistes» comme Minini et un bon contingent étranger. Parmi elles, les françaises Pièce Unique, Perrotin, Rabouan Moussion, les espagnoles Cervera et Palma Dotze, l’autrichien Hilger ainsi que deux nouveaux venus du Japon, Ishii et Koyama.


Franz Ackermann,
(sinistra) unsafe ground IV
(to relax?), (destra) unsafe
ground III, the waterfall
, 2001
oil on canvas, 190 X 280 X 0
© Giò Marconi
Si la fréquentation reste modeste par rapport à la FIAC (25 000 visiteurs contre 70 000), on note des similitudes avec la grande sœur parisienne. La section «Present Future» rassemble 12 jeunes artistes prometteurs choisis par autant de critiques. Pour la France, Jade Lindgaard a sélectionné Bruno Peinado, que l’on peut également voir à la galerie de la Caisse des Dépôts à Paris. Une autre section, «VideoLab», est dédiée à la création vidéo. Enfin, comme à la FIAC, les collectionneurs italiens et étrangers seront particulièrement choyés. Plus d’une centaine d’entre eux ont été invités pour un tour des stands et pour des visites privées dans la ville. C’est la consultante espagnole Isabel Mora, spécialiste de ce type d’interventions, qui en est chargée. Dans le même esprit «New Complicities» exposera les acquisitions récentes de collectionneurs privés turinois. De l’atelier sur l’organisation des musées du 21e siècle, qui doit réunir des directeurs européens et américains, on espère quelques débats percutants. Daniel Soutif, directeur artistique de la manifestation, a prévu un autre débat sur «art contemporain et patrimoine historique». Un exercice assez explosif dans l'atmosphère actuelle de remise en cause systématique par le secrétaire d'Etat à la Culture, Vittorio Sgarbi, des interventions contemporaines dans le cadre monumental.

La ville de Turin, qui appuie la manifestation et y voit un vecteur important de promotion, a décidé de faire de novembre le mois de l’art contemporain. D’Anna Gaskell, présentée au Castello de Rivoli (sa directrice, Ida Gianelli, fait partie du comité de direction d’Artissima) à la Galleria d’Arte Moderna (dont le directeur, Pierluigi Castagnoli est également au comité), qui présente trois ans d’acquisitions, en passant par un siècle de peinture allemande au Palazzo Bricherasio ou par les collections de la fondation Re Rebaudengo, les institutions locales jouent le jeu. Le clou sera la soirée du 17 novembre. Toutes les galeries demeureront ouvertes jusqu’à minuit. Dans le froid piémontais seront organisés apéritifs et cocktails sous la bannière invitante d’une «Saturday Night Art Fever»…


 Rafael Pic
15.11.2001