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Expositions

Felice Carena, Ritratto di Gualfarda
1914, huile sur toile, 74x61 cm
Rome, coll. privée


Carlo Bugatti, Mobiletto da lavoro,
1895 circa, legno madreperla
e ottone, 87x25x25 cm
Milan, coll. privée


L’Art nouveau franchit les Alpes

Une grande exposition réunit à Padoue les plus belles réalisations du Liberty, la variante italienne du mouvement.

En quoi cette exposition est-elle importante ?
Fabio Benzi, commissaire.
C’est la première grande exposition depuis la rétrospective organisée à Lugano en 1981 par Fortunato Bellonzi et Rossana Bossaglia. En vingt ans, nous avons beaucoup progressé dans la connaissance du mouvement. De nombreuses expositions ont abordé tel ou tel aspect – le Liberty dans la céramique, le Liberty en Sardaigne, qui a récemment ouvert, etc - mais aucune n’en donnait une image globale. L’exposition qui arrive aujourd’hui à Padoue, où nous présentons environ 350 objets, à d’abord été montrée à Rome. Elle y a attiré 60 000 visiteurs.

Quelle est l’originalité de l’Art nouveau italien ?
Fabio Benzi.
Il est extrêmement varié. Le terme Liberty pour définir l’Art nouveau italien n’a d’ailleurs pas été choisi innocemment mais en fonction de son assonance avec le mot «libertà», la liberté. Il s’est exprimé dans tous les genres et dans toutes les régions : que l’on pense à Basile pour la Sicile, à Chini pour la Toscane, à Sommaruga pour la Lombardie. La division de l’exposition en sections – la géométrie, la ligne courbe, les racines gothiques et Renaissance, etc - permet de passer tous ces aspects en revue. L’exposition se présente d’ailleurs comme une réponse non polémique aux récentes rétrospectives de Paris et Londres, où l’Art nouveau italien avait très peu de place. Nous voulons montrer que Bugatti ou Segantini, dès les années 1880, travaillaient dans une direction parallèle aux pionniers généralement mis en avant, tels Mackmurdo ou William Morris.

Avez-vous obtenu des prêts particulièrement significatifs ?
Fabio Benzi.
Nous avons en effet des objets très importants comme ce fauteuil de Bugatti, exposé à l’Exposition internationale de Turin en 1902 et jamais plus montré au public. Même chose pour Le Typhon, un tableau de Galileo Chini, surtout connu pour sa production céramique, qui fait sa première apparition depuis 1911. Nous avons des Casorati, des Balla, des Previati, etc. L’essentiel de ces œuvres provient de collections privées, comme celles de Giampiero Mughini, Lucia Torossi ou Vittorio Sgarbi. Les institutions n’achetaient pas de pièces de cette période, qui est longtemps demeurée dans l’oubli. Pour donner un exemple, aucun musée italien ne possède d’œuvre de Bugatti. Il faut aller à Orsay pour les voir !


 Rafael Pic
19.11.2001