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Cour de la Medersa al-'Attarin,
Fès (Maroc) achevée en 1325
© Flammarion

Les couleurs de l’architecture musulmane

De Cordoue à Delhi, un ouvrage explore l’infinie variété des céramiques qui émaillent mosquées, mausolées et madrasa.

Il y a bien sûr quelques images célèbres qui nourrissent l’imagination : les lambris des patios de l’Alhambra, les coupoles turquoise des monuments de Samarcande ou les panneaux d’Iznik dont les rinceaux bleu cobalt et les tulipes rougeoyantes ornent les mosquées ottomanes d’Istanbul. Mais d’Espagne en Asie centrale, du 9e au 19e siècle, le monde musulman est si vaste que ce ne sont que les parties émergées de l’iceberg. Pour en restituer la diversité inouïe, les éditions Flammarion ont fait appel à deux experts, Yves Porter, spécialiste de l’Iran, et Gérard Degeorge, historien du monde arabe passionné de photographie. Prend ainsi forme sous nos yeux une histoire où s’imbriquent les évolutions de l’architecture et de la poterie, les impératifs techniques et les modes esthétiques. Un sujet complexe s’il en est mais dont la compréhension se trouve facilitée par une introduction technique bien conçue, un glossaire, une carte et de très nombreuses photographies.

Car, avant tout, cet ouvrage est un délice pour les yeux. Les vues de détails rendent les questions techniques moins abstraites. Du vert tilleul produit à Damas sous Soleyman le Magnifique au rose adopté à Chiraz à l’époque des Zand, les gammes colorées spécifiques deviennent aisément identifiables. Tout comme les méthodes de séparation des oxydes métalliques colorés, la ligne noire caractérisée par un cerne de chromite posé sur un engobe siliceux blanc ou le cuenca y arista dont les creux et arêtes sont moulés à cru. Quant aux vues combinées des décors de monuments importants, elles permettent de comprendre la genèse de ces effets de chatoiement. Ainsi, la fameuse coupole de la mosquée royale d’Ispahan est à la fois prise dans son ensemble, dans son articulation avec les baies fermées de claustras et les arcatures, et de manière rapprochée, pour illustrer la finesse et la richesse de la composition. Une manière de pénétrer la magie des lieux…


 Zoé Blumenfeld
04.01.2002