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Patrimoine

La Fenice est de retour

Huit ans après son incendie, l'opéra de Venise est enfin restauré. Mais il ne sera véritablement opérationnel qu'en novembre 2004.


La Fenice restaurée
© Michele Crosera
VENISE. Lorsque le campanile de Venise s'écroula, le 14 juillet 1914, les édiles n'eurent qu'un mot à la bouche : «Com'era, dov'era». Il convenait à leurs yeux de le reconstruire à l'identique «comme il était, où il était». Le même principe s'est appliqué à l'opéra de la ville, qui ne pouvait, décemment, faire injure à son nom : le Phénix. Les travaux ont duré bien plus longtemps que lors du précédent sinistre de 1836 : huit ans au lieu de douze mois. Mais l'essentiel est bien que le théâtre conçu en 1792 par Giannantonio Selva resurgisse de ses cendres, ce que n'a toujours pas réussi à faire un autre théâtre historique, le Petruzzelli de Bari, immobilisé depuis une décennie dans une glue de procès et d'appels interminables.


Vue de la restauration en cours
© Michele Crosera
La poigne de Costa
La reconstruction ayant été décidée immédiatement après l'incendie du 29 janvier 1996, c'est l'architecte Gae Aulenti, l'auteur du Musée d'Orsay et du Palazzo Grassi, qui était pressentie pour la diriger. Elle fut très vite remplacée par Aldo Rossi, qui devait lui-même décéder en 1997. Ces rebondissements n'ont pas été les seuls puisque le chantier a vu se succéder trois entreprises : l'italienne Impregilo (filiale de Fiat), remplacée en 1998 par l'allemande Philip Holzman, puis, en 2001, par la vénitienne Sacaim. Au début de l'année 2001, les fondations avaient été à peine posées. Le nouveau maire de Venise, Paolo Costa, ancien ministre des travaux publics, prit la décision de faire intervenir la force publique pour expulser l'entreprise Philip Holzmann. Bien peu se seraient alors hasardés à avancer une date de réouverture pour un théâtre dont l'inauguration était initialement programmée pour 1998.

Une porte sur le canal
Outre sa façade néo-classique, toute la décoration de la Fenice a pu être reconstituée à l'identique grâce aux archives complètes, miraculeusement préservées. Les putti en papier mâché, les stucs à la feuille d'or, les fresques du plafond ont été réalisés par des artisans de toute l'Italie. Des espaces additionnels ont été creusés sous le théâtre, permettant de porter sa capacité à plus de 1000 spectateurs assis, contre quelque 850 précédemment. Des ascenseurs ont été installés et le grand lustre, financé par le comité anglais Venice in Peril Fund, est solidement suspendu. A l'intention des mélomanes en gondole, on a même rouvert l'entrée sur le canal, inutilisée depuis le XIXe siècle. La Fenice va vivre une semaine musicale de gala, à partir du 14 décembre, qui va mêler Rossini, Berlioz et Elton John. Mais le vrai départ, sous la direction artistique de Sergio Segalini, est attendu pour novembre 2004 avec une Traviata dirigée par Lorin Maazel.


 Carlo Farini
12.12.2003