Accueil > Le Quotidien des Arts > Droit à l’image : « La France a la loi la plus ringarde d’Europe »

Politique culturelle

© Patrick Aventurier / Gamma
Les Malabri, derniers nomades aborigènes
des forêts de la frontière lao-thaïlandaise.
Tamakau, sa femme et ses enfants, Thaïlande.


© Tiane Doan na Champassak / Vu
La Kumbh Mela, janvier 2001


© Jérôme Delafosse / L&G
L'enfant déesse, Népal


Droit à l'image : « La France a la loi la plus ringarde d'Europe »

En ouverture du festival Visa pour l'Image à Perpignan, son directeur, Jean-François Leroy fait le point sur la manifestation et sur l'avenir du photojournalisme.

Donnez-nous quelques chiffres sur le festival. Avez-vous des concurrents ?
Jean-François Leroy.
Visa pour l'Image a été créé en 1989. La première édition a accueilli 7 agences de presse et 25 000 visiteurs. L'an dernier, pour la 12e édition, nous avons réuni 193 agences de presse de 43 pays, 2500 professionnels et 150000 visiteurs. En termes de concurrence, il y a des festivals généralistes comme Photofest à Houston ou les Rencontres d'Arles mais aucune manifestation équivalente dans le domaine du photojournalisme.

Face à la protection excessive du droit à l'image, la profession s'inquiète…
Jean-François Leroy.
En ce qui concerne le droit à l'image, la France a la législation la plus ringarde en Europe, avec la loi Pleven qui a été renforcée par Elizabeth Guigou. Quand vous photographiez la victime d'un attentat à la station Saint-Michel, il est difficile de lui demander une décharge. Ou alors on ne peut plus faire d'information. A force de donner 4 millions à Caroline, n'importe quel crétin porte plainte lorsqu'il se voit sur une photo, en croyant qu'il va faire fortune. Heureusement, les juges commencent à devenir plus raisonnables. La Cour européenne a d'ailleurs débouté la France dans la plupart des procès.

Face à la concentration des agences de presse et à la télévision, peut-on faire le requiem du photojournalisme ?
Jean-François Leroy.
Le photojournalisme n'est pas mort, c'est la presse qui est morte. Elle ne fait pas son boulot. Elle ne fait que du Loana, de la princesse. Et la télévision n'explique pas tout. Quand je fais la Tchétchénie à Perpignan, les gens se déplacent. La concentration des agences est bien sûr préoccupante mais dans le même temps on ne peut pas être trop inquiet quand on voit que 7 caïds du photojournalisme, dont Nachtwey et Kratochvil, en créent une nouvelle, Seven, qui sera d'ailleurs lancée à Perpignan.

Cette année, quels seront les grands moments du festival ?
Jean-François Leroy.
Je réserve des surprises que je ne peux pas vous dévoiler, notamment en ce qui concerne Roger Thérond, qui était un grand ami en même temps qu'un inspirateur et qui a soutenu Visa pour l'Image depuis le début. Pour le reste, nous aurons des soirées consacrées à l'Afghanistan ou aux 10 ans de Milosevic dans les Balkans.


 Rafael Pic
31.08.2001