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Patrimoine

Arles, amphithéâtre, © Gérard Bonnet


Saint-Rémy-de-Provence, les Antiques, © Gérard Bonnet


Vaison-la-Romaine, quartier de la Villasse, © Gérard Bonnet


Provence : peur sur l'Antiquité

Les monuments romains du sud-est de la France sont au bord de l'effondrement. Un plan de 600 millions de francs devrait permettre de les sauver. Entretien avec Bernard Millet, directeur de l'Agence pour le Patrimoine Antique.

Les monuments romains de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur sont-ils réellement dans un état catastrophique ?
Bernard Millet.
Oui. Ils n'ont pas été restaurés depuis le début du 20e siècle. Cette année, on a dû enlever plusieurs tonnes de pierres, qui menaçaient de tomber du théâtre d'Orange. Pourquoi n'a-t-on rien fait depuis si longtemps ? Il y a cent ans, il était plus facile d'engager une campagne de restauration. Il y avait davantage d'artisans spécialisés, le coût du travail était moins élevé, l'on avait un moindre souci de l'authenticité et moins de règles à respecter. Mais l'élément essentiel est que les sommes à engager sont souvent démesurées pour de petites communes qui abritent parfois un patrimoine très important comme c'est le cas pour Arles, qui possède des arènes, un théâtre et un amphithéâtre.

Résumez-nous l'effort financier du plan et le rôle de l'Agence.
Bernard Millet.
L'investissement décidé dans le cadre du plan est de 600 millions de francs. La moitié est apporté par l'Etat, 25% par les départements, 20% par la région et 5% par les communes. On peut y ajouter environ 100 millions de francs provenant de fonds européens et de sponsors. Le rôle de l'agence est de coordonner cet investissement et de veiller à ce qu'il soit accompagné d'une véritable politique de formation et de coopération internationale. Nous allons, par exemple, bientôt organiser un colloque au Maroc et participer à la conservation des mosaïques de Tipasa en Algérie.

Comment seront affectées ces sommes ?
Bernard Millet.
Par priorité à Arles (200 millions de francs environ), Orange (150 millions), Vaison-la-Romaine et Fréjus (150 millions chacune). La première étape, qui a déjà commencé à Arles, consiste à étudier ces monuments, qui contrairement à ce que l'on peut imaginer, ne sont pas bien connus. Prenez la pierre : en fonction de l'importance du lieu, les calcaires utilisés étaient plus ou moins bons. Il faut connaître leur dureté, leur capacité de résistance avant d'aller chercher de nouvelles carrières. Celles qui ont fourni les pierres à l'époque romaine sont souvent inutilisables car elles-mêmes classées monuments historiques, comme celle des Baux. En tout état de cause, la politique est d'intervenir le moins possible sur la pierre mais de stabiliser au maximum la structure. Ainsi, à Arles, nous allons changer le gradinage pour que la pluie ne tombe plus sur les piliers.


 Rafael Pic
07.09.2001