Une rentrée sous le signe de la crise ? Cela ne semble pas évident au vu des grandes expositions programmées cet automne : l’offre reste abondante. Certes, on ne prend pas de risques majeurs : l’Albertina de Vienne étudie l’impressionnisme et la lumière (le 11 septembre), le Louvre s’en remet à un trio vénitien qui a fait ses preuves (Titien, Tintoret, Véronèse, le 17 septembre), le Grand Palais ressert Renoir – celui des dernières années (le 23 septembre) et la Tate Britain recycle Turner (le 23 septembre). A peine moins audacieuses semblent les expositions sur Tiffany au musée du Luxembourg (16 septembre), sur l’âge d’or hollandais à la Pinacothèque de Paris (le 7 octobre) ou sur le Pop Art à la Tate Modern (le 1er octobre). On attend avec plus de curiosité les rétrospectives consacrées à Fernand Pelez (au Petit Palais, le 24 septembre), à Fantin-Latour (au Thyssen-Bornemisza de Madrid, le 29 septembre), à Soulages (au Centre Pompidou, le 14 octobre) ou à Ensor (au musée d’Orsay, le 20 octobre). Du côté des mondes lointains, une belle saison aztèque se prépare avec Moctezuma au British Museum (le 24 septembre) et Teotihuacán au quai Branly (le 6 octobre). La Saison de la Turquie en France nous vaut une révision de l’histoire millénaire de Constantinople (de Byzance à Istanbul, au Grand Palais) tandis que le Victoria & Albert Museum fait revivre les fastes des maharajahs (tous deux le 10 octobre). Comptez bien : quinze expositions de premier ordre en un mois, soit une tous les deux jours. Et l’on n’a pas tout comptabilisé…

PARIS – C’est l’alter ego de Gallé ou de Lalique. La variété de talents du designer américain Louis Comfort Tiffany (1848-1933) en fait l’un des grands représentants de l’Art nouveau. La rétrospective de quelque 160 œuvres qui lui est consacrée laisse évidemment la part belle à la production verrière : lampes Favrile (un procédé d’irisation inventé en 1894), vitraux aux formes végétales et nombreux objets de décoration qui assureront la prospérité de l’entreprise fondée par son père. Mais elle éclaire aussi certains aspects moins connus de sa biographie, notamment sa formation à Paris dans l’atelier du peintre académique Léon Bailly et ses relations avec le marchand Siegfried Bing, qui fut l’un des grands promoteurs de l’Art nouveau en Europe.

Louis C. Tiffany, couleurs et lumière au musée du Luxembourg, du 16 septembre 2009 au 17 janvier 2010

PARIS – Irez-vous à Sibiu ? A Sibiu, en Roumanie, au cœur de la Transylvanie ? Pas si sûr. L’exposition présentée au musée Jacquemart-André pallie ce manque. Elle présente en effet les chefs-d’œuvre d’un musée que personne n’aurait l’idée d’aller chercher là. A tort car le musée national Brukenthal, qui rassemble la collection du baron du même nom, conseiller de l’impératrice d’Autriche Marie-Thérèse au XVIIIe siècle, possède des chefs-d’œuvre inattendus. Viennent ainsi à nous des Titien ou des Lotto et, surtout, un fonds remarquable de peintres flamands : des paysages de Brueghel l’Ancien, des scènes de taverne de David Teniers, des natures mortes de de Heem et une succession de superbes portraits, notamment signés de Memling ou van Eyck.

Brueghel, Memling, Van Eyck, la collection Brukenthal au musée Jacquemart-André, du 11 septembre 2009 au 11 janvier 2010.

VIENNE - En période de crise, privilégions les valeurs sûres. C’est le précepte que met en application l’Albertina en consacrant sa grande exposition automnale à l’impressionnisme. Comment faire du neuf avec du vieux ? Cet écueil a motivé une approche « scientifique ». Il s’agit de comprendre comment les peintres des années 1860-70 ont révolutionné la transcription de la lumière et de la couleur. Les tableaux choisis se veulent donc exemplaires en termes didactiques. Ils ont pour mission de répondre à d’innombrables questions – qu’est-ce qu’une impression ? qu’est-ce qu’une tache ? comment rendre une ombre ? quand un tableau est-il fini ? Les stars sont appelées à la rescousse – Monet, Renoir, Morisot, Signac - avec un noyau dur d’œuvres du musée Wallraff-Richartz de Cologne. Mais l’on essaie aussi d’initier à la compréhension des phénomènes optiques et à l’interprétation des images prises à l’infra-rouge ou aux rayons X.

Impressionnisme – pendre la lumière à l’Albertina Museum, du 11 septembre 2009 au 10 janvier 2010

PARIS – Certains l’appellent la petite Biennale : le salon du Collectionneur, qui se tient une année sur deux, en alternance avec la Biennale des antiquaires, n’en a ni l’ambition ni l’atmosphère. Plus ouvert, plus décontracté, il se veut davantage un appel à la curiosité qu’un championnat du monde des antiquaires. Parmi les quelque cent stands, on trouve aussi bien des exposants chevronnés que des néophytes, des spécialistes de tapis anciens (Boccara) que des libraires (Laurent Coulet), des experts en armes (Bernard Croissy), en art islamique (Kevorkian) ou en tableaux flamands (de Jonckheere). Reflet de cette variété, les événements annexes comportent aussi bien un hommage à Dina Vierny que l’exposition d’animaux préhistoriques fossiles.

4e Salon du collectionneur au Grand-Palais du 11 au 20 septembre 2009

PARIS – Cette année, son président d’honneur n’est autre que Jacques Chirac, dont on connaît l‘attachement pour les arts non européens. Kaos, la manifestation dédiée aux arts premiers, réunit dans le quartier Saint-Germain-des-Prés pour sa huitième édition plus de soixante marchands internationaux. Beaucoup sont évidemment parisiens – Dulon, Ferrandin, Flak, Hourdé, de Monbrison ou Vanuxem. Les autres « squattent » pendant cinq jours chez des confrères du quartier. Des nomades qui ne sont pas n’importe qui : les belges de Grunne, Mestdagh, l’américain Bruce Frank, le suisse Fröhlich ou l’italien Dalton Somaré, avec, dans leurs valises, des statuettes lega du Zaïre, des masques inuit ou des statues senoufo. C’est presque une édition parallèle qui se tient à la Monnaie de Paris sous forme d’exposition. Dans « Regards de marchands », une centaine de pièces, aujourd’hui en mains privées, entendent souligner le rôle de passeur des galeristes spécialisés.

Kaos, parcours des mondes, du 9 au 13 septembre 2009, dans le quartier Saint-Germain-des-Prés.

C’est une découverte bien qu’il ne soit plus tout jeune : Claude Selva a près de 70 ans, dont une bonne partie passée à exercer son métier de restaurateur de meubles à Saint-Ouen. Pendant qu’il réhabilitait un fauteuil à oreilles ou une commode Louis XVI, il se récitait des poèmes surréalistes ou laissait divaguer son esprit vers des architectures insensées. Après le travail, muni d’une plume (plus tard, il élargira à la gouache, au crayon de couleur), il dessine le produit de ses chimères. Marqué par la fameuse exposition montée par Dubuffet sur l’art

brut en 1967 puis, plus tard, par la rétrospective de Jean Clair sur la mélancolie, Claude Selva donne chaque fois une nouvelle inflexion à son travail. On peut s’amuser à y déceler aussi bien du Piranèse – dans le fourmillement de détails des folies gothiques - que du Victor Brauner, dans ces personnages géométriques aux têtes de profil. Mais c’est surtout du Claude Selva – un de ces créateurs révélés tardivement, comme Boix-Vives ou Henry Darger, à l’univers personnel dense et éloigné de toute ambition commerciale. A ne pas manquer car ses apparitions seront probablement très rares…

Claude Selva est exposé à la fondation Taylor (1 rue La Bruyère, 75009 Paris) jusqu’au 26 septembre 2009

L’Orient – en tant que personnification de l’exotisme - fascine et fascinera, quelle que soit la situation géopolitique du moment. Les palais de marbre et de claustra, où gazouillent des fontaines d’azulejos, les moucharabiehs, les plafonds sculptés, les tapis étendus contre des parois couvertes de mosaïques figuratives attirent les Occidentaux depuis des siècles… Le photographe et architecte Gérard Degeorge a longtemps fréquenté le Proche-Orient pour immortaliser les demeures de Damas, du Caire ou d’Ouarzazate, les souks d’Alep et de Kashan. Ses images forment un corpus très large même si – revers de la médaille d’une pratique assidue – les plus anciennes semblent manquer de fraîcheur. Le texte de Jean-Claude David donne les clés pour comprendre l’évolution de la ville musulmane, les matériaux utilisés par les bâtisseurs et les principes qui régissent la distinction, essentielle, entre espace public et privé.

Palais et demeures d’Orient, texte de Jean-Claude David, photographies de Gérard Degeorge, Imprimerie nationale éditions, 2009, 280 p., 84 €, ISBN : 978-2-7427-8473-8

BRUXELLES – La manifestation Design September, qui rassemble une cinquantaine d’événements en rapport avec le design, se tient du 10 septembre au 2 octobre 2009.

CHATSWORTH (Angleterre) – « Beyond Limits », l’exposition-vente de sculptures monumentales organisée depuis quatre ans par Sotheby’s dans le parc du château de Chatsworth se tient du 14 septembre au 1er novembre 2009. La pièce maîtresse en est le gigantesque Angel of the North d’Anhony Gormley, de 54 mètres d’envergure.

FONTAINEBLEAU – Sous le titre « Design à la cour », le château de Fontainebleau accueille dans ses salles jusqu’au 30 novembre 2009 la collection de design du Centre national des arts plastiques.

ISTANBUL – La 11e Biennale d’art contemporain d’Istanbul se tient du 11 septembre au 8 novembre 2009. Sous le commissariat du collectif croate WHW, elle explore la question brechtienne « de quoi vit l’homme ? » avec la participation d’artistes de 40 pays.

LJUBLJANA - La 28e biennale d’arts graphiques a ouvert le 4 septembre et se tient jusqu’au 25 octobre 2009.

LYON – La Biennale d’art contemporain de Lyon se tient du 16 septembre 2009 au 3 janvier 2010. Sous le commissariat de Hou Hanru, elle a pour thématique le « spectacle du quotidien ».

LYON – La 2e édition de la Docks Art Fair, foire d’art contemporain réunissant une trentaine de galeries, se tient du 14 au 20 septembre 2009 près de la Sucrière.

PARIS – La 10e édition du festival Art Outsiders, au confluent de la photographie et de l’art numérique, se tient du 9 septembre au 11 octobre 2009 à la Maison européenne de la photographie sur le thème des « environnements extrêmes ».

VERSAILLES – A la suite de Jeff Koons en 2008, l’artiste français Xavier Veilhan expose ses créations dans le cadre du château de Versailles, du 13 septembre au 13 décembre 2009.