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N° 48 - du 17 mai 2007 au 23 mai 2007

L'AIR DU TEMPS

Renoir, un artiste ou une industrie ?

La ville de Phoenix en Arizona, est davantage connue pour son équipe de basket, les Suns, que pour sa scène artistique. La situation est appelée à changer. The Art Newspaper vient de révéler que les propriétaires des archives de Pierre-Auguste Renoir, vendues à vil prix en mai 2005 (135 000 $ par une petite maison du Maryland), sont des galeristes de Scottsdale, un quartier chic de Phoenix, et que leur intention affichée est de consacrer un musée à cet ensemble de lettres, photographies et documents qu'aucun musée de France n'a jugé bon de s'attacher. Ce projet louable s'accompagne d'un volet moins noble du business plan : produire des copies en grand nombre des sculptures de Renoir (dont son assistant Richard Guino est co-auteur, Renoir se trouvant, au moment de leur réalisation, atteint de rhumatismes aigus), en outrepassant la loi francaise sur le droit d'auteur. Et en décliner les reproductions sous forme de T-shirt, de verres à dentifrice ou de moquette pour des revenus potentiels de l'ordre du milliard d'euros... Après la Citroen Picasso, le papier hygiénique Renoir ? L'art moderne mène vraiment à tout.

Le site de la galerie Rima de Scottsdale

EXPOSITIONS

Hopper, un classique américain

BOSTON - Il n'est pas le plus cher (Pollock le devance amplement) mais probablement le plus populaire des maitres américains du XXe siècle. Edward Hopper fait l'objet d'une nouvelle rétrospective et nul doute qu'elle sera marquée par une fréquentation record tant le peintre de Nyack (1882-1967)semble symboliser à la perfection l'American way of life. Ses grandes icones sont là : Nighthawks, avec ses dineurs solitaires dans un snack de Manhattan, ou Office at night, étrange ambiance d'"heure sup" dans un bureau peuplé d'un manager et d'une secrétaire appétissante. On a du mal à imaginer que Hopper ait pu connaitre des débuts aussi difficiles : à l'âge de 40 ans, il n'avait vendu qu'un tableau. Pas mieux que Van Gogh le maudit ! La seconde moitié de sa carrière devait être toute différente - et fulgurante - avec une rétrospective au MoMA dès 1933 et une place inamovible dans le coeur de tout Américain. L'exposition, qui rassemble une centaine de toiles et dessins, est centrée sur cette période, qui débute en 1923 lorsqu'une institution s'intéresse enfin à lui : le musée de Brooklyn acquiert The Mansard Roofpour 100 $. Inutile de dire que, depuis, sa cote a bien changé...

  • Edward Hopper au Museum of Fine Arts de Boston, du 6 mai au 19 aout 2007

    Le mini-site de l'exposition


  • manzoni au Madre de Napoli, du 19 mai au 24 septembre 200


    Manzoni, merda au Madre

    NAPLES – C’est un peu le cousin d’Yves Klein : même goût pour la monochromie (dans son cas, les Achromes plutôt que le bleu IBK), même sens de la provocation (qui ne prend pas la forme du saut dans le vide mais de la célèbreMerde d’artiste conservée dans une boite de conserve) et même trajectoire météoritique. Piero Manzoni n’a pas été actif une décennie. Commencée au milieu des années cinquante, sa carrière s’achève à son décès, en 1963. Il est à peine âgé de 30 ans. Yves Klein est mort l’année précédente, à 34 ans. Parmi les 200 œuvres sélectionnées par Germano Celant, le pape de l’Arte povera, dont ses Lignes et ses Empreintes, on n’est donc pas étonné d’en voir, en contrepoint, de Klein. Mais également d’autres créateurs proches comme Burri, Castellani, Fautrier ou Fontana. Naples, longtemps à l’écart des circuits de l’art contemporain (malgré quelques galeries comme celle de Lucio Amelio), est revitalisé depuis un an grâce au Madre (acronyme amusant mais alambiqué de musée d’Art contemporain Donnaregina). C’est une excellente nouvelle.

  • Piero Manzoni au Madre de Napoli, du 19 mai au 24 septembre 2007

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  • Rodin, Soleil levant

    PARIS - Comme un certain nombre de ses contemporains - de Van Gogh aux frères Goncourt, en passant par Clemenceau -, Auguste Rodin a ressenti à la fin du XIXe siècle une forte attraction pour la civilisation japonaise. Il a collectionné des gravures d'Utamaro, des masques, des netsuke, que l'on peut découvrir dans l'exposition. Certains objets lui ont été directement envoyés par ses admirateurs d'Extrême-Orient. Rodin a aussi produit des "dessins japonais", juste avant 1900, et sa passion a connu un pic en 1906 lorsqu'il a rencontré à Marseille, à l'occasion d'une tournée, la gracieuse danseuse Hanako dont il a réalisé une série de 26 poses, en dessin puis en sculpture. Le transfert de certaines de ses oeuvres en grès, matériau typiquement japonais (par exemple, la Tête de Balzac par Paul Jeanneney) ou les encadrements dus à l'ébéniste Kishizo Inagaki montrent que son attirance pour le pays du Soleil levant a revêtu des formes très variées.

  • Rodin, le rêve japonais au musée Rodin, du 16 mai au 9 septembre

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  • MUSEES

    C'est beau un musée la nuit

    La traditionnelle nuit des musées se tient cette année le 19 mai. Manifestation francaise à l'origine, elle a su se développer à l'échelle du continent. L'an dernier, près de 1900 musées étaient demeurés ouverts jusqu'à 1 heure du matin, attirant quelque 2 millions de visiteurs. Ils seront plus de 2000 en 2007 avec une programmation très variée, de la Méditerranée à l'Oural. A titre d'exemple, on pourra voir le mur de feu d'Yves Klein au MAMAC de Nice ou un spectacle de lumière au musée de géologie de Bucarest à partir de minéraux fluorescents. Les visites ne seront pas seulement guidées mais aussi poétiques, chorégraphiques ou insolites (à la lampe de poche au LAAC de Dunkerque). Concerts (avec un DJ au Guggenheim de Bilbao), représentations théâtrales et même bals (dans la maison de Tchaikovsky à Votkin) abonderont. La culture donnant faim, on se régalera de réglisse à Rossano en Calabre ou de sanglier ("jusqu'à épuisement", est-il précisé) au musée d'archéologie de Neuchâtel. Et comme il est question de nuit, une chasse au fantome s'impose : elle a lieu en Lettonie, à Liepaja.

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    L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Chiara

    Cyprien Gaillard : anatomie du paysage

    PARIS – Son medium privilégié est la vidéo, avec laquelle il filme des paysages, naturels et urbains. Ce qui l’intéresse, c’est de déceler la trace de l’homme, les cicatrices infligées par notre action volontaire ou non, sur la nature qui nous accueille. Signe des temps, développement d’une conscience environnementale ? Cyprien Gaillard, qu’on avait vu en 2005 dans la vitrine de la petite galerie Nuke, rue Sainte-Anastase, intéresse maintenant les institutions. Il est actuellement au Jeu de Paume. On a pu y voir jusqu’au début avril Real Remnants of Fictive Wars, l’envahissement d’un tunnel par des gaz lacrymogènes. Produit d’une culture éclectique et électronique, l’artiste, né en 1980 peut aussi construire une vidéo à partir de compilations de moments saisis sur Youtube (Desniansky Raion) ou confronter la destruction d’une barre d’immeubles avec l’effondrement d’un château de canettes de bière (installation récente à la galerie Cosmic de Paris et à la galerie 1m3 à Lausanne). A suivre à la Biennale de Lyon, en septembre, et, avant, à partir du 14 juillet, au centre d’art de Vassivière.

    En savoir plus sur Cyprien Gaillard (biographie de la galerie Cosmic)

    LIVRES

    Ceci est le surréalisme belge

    Le surréalisme en Belgique ? Magritte, beaucoup, Delvaux, un peu, et la messe est dite. Cette opinion à courte vue ne résiste pas à l’analyse. Et encore moins depuis qu’on dispose d’un ouvrage appelé à devenir un classique. Son auteur, directeur du musée de la Photographie de Charleroi, a dédié de nombreuses années au sujet de son étude. Il n’évite pas les vaches sacrées mais leur enlève la patine officielle qui les a affadis : que l’on lise les tracts crus sur L’Imbécile, L’Emmerdeur et L’Enculeur, par exemple! Ils sont dus à Magritte et Marcel Mariën (1920-1993). Ce dernier, peu connu du grand public, est une charnière essentielle du surréalisme belge. C’est lui qui sera en 1961 l’auteur du tract-canular (pris très au sérieux) sur la Grande Baisse : Magritte se serait apprêté à brader ses tableaux pour les mettre à la portée de tous… Nougé, Scutenaire, Mesens, Lefrancq sont d’autres personnalités de premier plan largement étudiées, jusqu’aux épigones plus récents comme Tom Gutt ou Claudine Jamagne. La riche iconographie permet d’aller au-delà des tableaux-icônes du mouvement. Elle mêle photos d’archive, collages et couvertures de revues-phares comme Les lèvres nues.

  • Le surréalisme en Belgique, par Xavier Canonne, Fonds Mercator, 2007, 352 p., ISBN : 90-5163-659-6, 79 €.

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  • BRÈVES

    LOS ANGELES - Le Getty Museum a fait savoir, à la suite d'une réunion d'experts tenue le 9 mai, qu'il continuait l'étude de la statue de déesse antique achetée en 1988 pour 18 millions $. Il n'exclut pas de la rendre à l'Italie si les suspicions sur sa provenance illicite se confirment.

    METZ - La construction du Centre Pompidou Metz est entrée dans sa phase active le 5 mai dernier avec la pose des 400 pieux de fondation, enfoncés jusqu'à 16 mètres de profondeur.

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    MOSCOU - La 11e édition de la foire d'art contemporain Art Moscow se tient à la Maison des Artistes du 16 au 20 mai.

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    PARIS - Le salon du livre ancien 2007 affiche de bons résultats : multiplication par 4 du nombre de visiteurs, doublement du chiffre d'affaires et quelques bonnes ventes (une édition de 1760 de La putain errante de l'Arétin à 175 000 euros).

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    Cette semaine, ne manquez pas

    Artsénat 2007, femme y es-tu ?

    PARIS - Chaque année, Artsénat permet de présenter à l'Orangerie du Sénat et dans le jardin du Luxembourg des artistes contemporains fédérés autour d'un thème. En 2007, c'est la figure de la femme que les commissaires Ileana Cornea et Laurence d'Ist ont voulu faire redécouvrir à travers l'oeuvre de 45 plasticiens, de Villeglé et Dodeigne à Franck Sorbier et Sylvie de Meurville.

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    Chiara Samugheo, Cinecittà for Ever

    MOUGINS - Le Musée de la photographie de Mougins rend hommage au cinéma des années 50 à 70 en présentant une rétrospective des œuvres de Chiara Samugheo, la première femme photographe de presse en Italie. L’exposition fait une large place à toutes ces photos d’icônes du 7e art qui firent les couvertures des premiers grands magazines people italiens. Plus de 80 photos vintage, petits et grands formats, pour se replonger dans l’âge d’or de Cinecitta et approcher sous l’angle intimiste la beauté emblématique de ces stars qui n’ont pas fini de nous faire rêver.

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