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N° 162 - du 11 février 2010 au 17 février 2010


L'Homme qui marche I d'Alberto Giacometti vendu le 3 février 2010 chez Sotheby's à Londres

L'AIR DU TEMPS

Record du monde

Giacometti sur le toit du monde : l’enchère époustouflante de l’Homme qui marche I, adjugé pour l’équivalent de 66,3 millions d’euros chez Sotheby’s à Londres le 3 février dernier, a alimenté les chroniques de la presse mondiale, et pas uniquement des magazines d’art. Cette adjudication, réalisée en livres sterling, ne bat le précédent lauréat (Garçon à la pipe de Picasso, adjugé en 2004 à New York) que d’une poignée de dollars grâce aux fluctuations des taux de change. Elle relègue Dora Maar au chat de Picasso au troisième rang et fait sortir du podium Van Gogh (Portrait du docteur Gachet), qui est pourtant, avec la Nuit étoilée, l’artiste le plus reproduit au monde. Signal de reprise ou confirmation de la crise ? On opterait plutôt pour la seconde hypothèse. L’exploit tend à prouver l’axiome des temps difficiles : la compétition se focalise sur les chefs-d’œuvre indiscutables, laissant aux catégories inférieures des taux records d’invendus…

EXPOSITIONS


José María Zepeda de Estrada, Portrait de Francisco Torres, 1846 © Museo Nacional de Arte, INBA, Mexico.

Portrait de l’artiste en Mexicain

BRUXELLES – Affublé d’un sombrero et d’une guitare, mangeant une tortilla et barré d’une grosse moustache à la Emiliano Zapata. S’il fallait tirer le portrait-cliché du Mexicain au XXe siècle, il y a fort à parier qu’il présenterait quelques-unes de ces caractéristiques. Voici l’occasion d’enrichir notre imaginaire : en 150 tableaux, l’exposition démultiplie l’image canonique. Il y a là le paysan pauvre et l’ouvrier politisé des grands muralistes Rivera et Siqueiros et du cinéaste Eisenstein. Il y a aussi l’homme de la rue photographié par Alvarez-Bravo ou croqué par les caricaturistes Estrada et Bustos. Mais il y a également, pour remonter dans le temps, une première interprétation de l’identité mexicaine, telle qu’elle a pu être perçue par les voyageurs du XVIIIe et du XIXe siècle. Cette mosaïque aboutit au but désiré : brouiller les pistes. Le Mexicain n’est décidément pas un personnage monolithique.
Imágenes del mexicano à Bozar du 11 février au 25 avril 2010.

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Masque zoomorphe, ethnie Bamiléké, Cameroun © musée du quai Branly, photo Sandrine Expilly

Compliqué comme une image

PARIS – Intercalées avec ses expositions consacrées à des civilisations et à des régions, le musée du quai Branly produit quelques rétrospectives transversales, qui illustrent une thématique par des emprunts à différentes cultures. Après Qu’est-ce qu’un corps ? et Planète métisse, voici venu le temps de La fabrique des images. La question est tellement vaste qu’il ne s’agit évidemment ici que d’ouvrir des perspectives : comment l’homme voit-il le monde, ici et là, hier et aujourd’hui ? Jonglant avec les peintures sur écorce de Papouasie, les tableaux flamands, les masques inuit et les poupées kachina, le commissaire, Philippe Descola, fait apparaître quatre grandes familles : l’animisme, le totémisme, le naturalisme et l’analogisme. Le propos est complexe et si l’on réussit assez vite à placer dans cette modélisation le bourgeois parisien et l’Indien d’Amazonie, les catégories peuvent fréquemment se télescoper…
La fabrique des images au musée du quai Branly, du 16 février au 17 juillet 2010

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Adam © Musée de Cluny, musée national du Moyen-Age, Paris

Paris tendance gothique

PARIS – Ville-lumière : au début du XIIIe siècle, la capitale commence à peine sa parabole historique. Devenue siège permanent du pouvoir avec Philippe-Auguste, elle va pouvoir développer un programme de « grands travaux » qui va en faire une des métropoles de l’Occident. La Sainte-Chapelle et Notre-Dame sont deux des chantiers qui vont transformer sa physionomie. Rassemblant des objets de ces deux lieux emblématiques (dont certains n’ont été trouvés, par hasard, que très récemment comme les têtes de rois de Juda), l’exposition fait revivre ce moment de grande effervescence créatrice qui s’exprime surtout dans la pierre. Clés de voûte, personnages (comme l’Adam du transept sud de Notre-Dame ou les anges de la priorale de Poissy) sont accompagnés d’une autre catégorie d’objets, clairement architecturés : les reliquaires en orfèvrerie et les manuscrits enluminés.
Paris, ville rayonnante au Musée du Moyen Âge - Thermes et Hôtel de Cluny du 10 février 2010 au 24 mai 2010

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•A Madrid, la fondation Canal de Isabel II consacre une exposition au photographe Julius Shulman (1910-2009), avec près de 150 images de Los Angeles. Du 17 février au 2 mai 2010.

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•A Paris, le théoricien de l’architecture de la Renaissance Androuet du Cerceau (1520-1586) fait l‘objet d’une rétrospective à la Cité de l’architecture. Du 10 février au 9 mai 2010.

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•Comment vit-on au quotidien dans les prisons parisiennes depuis 1851 ? C’est l’objet de l’exposition L’impossible photographie au musée Carnavalet. Du 10 février au 4 juillet 2010.

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VENTES

Souvenirs de Chandigarh

PARIS – Boudé par les autorités chargées de la reconstruction de la France, Le Corbusier allait réaliser entre 1951 et 1964 l’une de ses œuvres emblématiques à l’autre bout de la planète : la ville de Chandigarh. Cette nouvelle capitale du Pendjab, commandée par Nehru, devait remplacer l’historique Lahore, passée au Pakistan après la partition de 1947. Dans ce projet global, Le Corbusier fit œuvre d’urbaniste, d’architecte mais aussi de designer et de décorateur. La vente menée par Artcurial, faisant suite à celle de 2008, se fonde sur la collection du galeriste Eric Touchaleaume (que son engagement pour sauver les Maisons tropicales de Jean Prouvé a fait connaître). Elle comprend des dessins (à partir de 800 €), des meubles conçus avec son cousin Pierre Jeanneret (tables, banquettes, bibliothèques), des bas-reliefs en plâtre (un zébu, estimé 30 000 €) ou des moules, qui ont servi à produire des plaques de canalisation (10 000 €) et les empreintes disséminées sur les murs de la ville. •Chandigarh Project II chez Artcurial le 16 février 2010

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Paul Wallach, Foe, 2009, courtesy galerie Jaeger Bucher, Paris

Wallach à la recherche de l’équilibre

Artiste américain né en 1960 et installé en France depuis 1994, Paul Wallach produit de petites structures fragiles. Elles incorporent différents matériaux – plâtre, tissu, aluminium, verre - mais le bois, généralement brut ou coloré d’une simple couche de peinture acrylique, en constitue le matériau de prédilection. Ces assemblages de formes simples – triangles, cercles et droites – font penser aux recherches constructivistes des artistes de l’avant-garde russe. S’ils sont parfois posés sur le sol, ils prennent généralement appui sur le mur : la recherche d’un centre de gravité parfois inattendu, grâce aux équilibres précaires qu’autorisent fils et cordes, constitue l’essence poétique de l’œuvre. •Paul Wallach est expose à la galerie Jaeger Bucher (5 rue de Saintonge, 75003 Paris) jusqu’au 13 mars 2010.

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LIVRES

Lebel, roi du happening

Des hommes-escargots « dévorant » peu à peu leur partenaire couverte de feuilles de chou ou l’ensevelissant sous des spaghettis mous, des forcenés démolissant une 4CV à la hache, une moto pétaradant avec une fille nue derrière tandis qu’on lit un extrait du Larousse médical… Dans la foule, on note Pierre Restany, Jacques Lacan, le philosophe Jean Wahl et des inspecteurs des Renseignements généraux qui risquent de finir la soirée couverts de sang de poulet. L’événement intitulé « Déchirex », eut lieu le 25 mai 1965 et fit la délectation de la presse étrangère. Il valut son poste au directeur de l’American Center de Paris, qui l’avait accueilli, mais la notoriété du « Happener-in-Chief », Jean-Jacques Lebel. Ce dernier n’en était pas à son coup d’essai : l’ouvrage étudie de près tous les happenings qu’il a contribué à créer dans la décennie 1960 et qui ont représenté un pan significatif du courant contestataire qui allait culminer en mai 68. •Les Happenings de Jean-Jacques Lebel par Androula Michaël, Hazan, 2009, 256 p., 45 €. ISBN : 978-2-7541-0351-0

En savoir plus sur la récente exposition Soulèvements consacrée à Jean-Jacques Lebel à la Maison rouge à Paris (du 25 octobre 2009 au 17 janvier 2010)

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BRÈVES

EDMONTON – L’Art Gallery of Alberta a été réinaugurée samedi 6 février après une rénovation d’un coût de 88 millions $, pilotée par l’agence Randall Stout de Los Angeles.

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MADRID – Les foires d’art moderne et contemporain Arco et Art Madrid se tiennent du 17 au 21 février 2010.

Le site d'Arco

SAN FRANCISCO – Le San Francisco Museum of Modern Art (SFMoMA) a annoncé qu’il avait réuni 250 millions $ en vue de la construction d’une nouvelle aile pour accueillir la collection de Donald et Doris Fisher, les fondateurs de la firme d’habillement Gap.

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STONEHENGE – La construction d’un centre d’accueil, d’un coût de 20 millions £ à l’entrée du célèbre site néolithique, a été remise en cause par la CABE (Commission pour l’architecture du gouvernement britannique).

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LE MOUVEMENT. Du cinéma à l'art cinétique

BÂLE - Le musée Tinguely passe en revue les circonstances de la naissance de l'art cinétique. En se fondant sur l'exposition pionnière de la galerie Denise René en 1955, il rassemble les ténors du genre : Tinguely lui-même mais aussi Pol Bury ou Jesús Rafael Soto, en remontant jusqu'aux suprématistes russes.

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