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N° 169 - du 1 avril 2010 au 7 avril 2010


Biennale for International Light Art, Ruhr, 2010. John M Armleder, Canaletto, 2007, photo Sabine Schirdewahn, courtesy Galerie Anselm Dreher, Berlin. Pour la photo du sondage : Dennis Adams, The Solar Anus, 1991, installé chez M. Wenseritt, Hamm, prêté par Vanmoerkerke Collection, Belgium, photo Sabine Schirdewahn, Berlin

L'AIR DU TEMPS

Un artiste contemporain chez vous

RUHR – En 1986, l’exposition montée à Gand par Jan Hoet avait été pionnière : sous le titre « Chambres d’amis », le commissaire belge avait installé des œuvres d’artistes contemporains chez des notables de la ville, en obtenant qu’ils ouvrent leurs portes aux visiteurs. Un quart de siècle plus tard, la biennale internationale d’art lumineux (Light Art), qui se tient du 28 mars au 27 mai 2010 dans le cadre de la Ruhr capitale européenne de la culture, renouvelle l’expérience. Les créateurs, dont certains sont des stars internationales (Olafur Eliasson, James Turrell, Angela Bullock) se sont invités chez le tout venant pour y monter leurs installations. Les néons de la salle de bains vont prendre un coup de vieux ! Face à un art contemporain souvent perçu par le grand public comme étant trop lointain et institutionnel, cette approche en plein développement est une voie originale pour le rendre plus accessible.

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EXPOSITIONS


Martín Ramírez, Sans titre (galion sur l'eau), vers 1960, gouache, crayon de couleur et crayon sur fragments de papier collés, 84 x 61 cm, collection Audrey B. Heckler, courtesy Museo Reina Sofia, Madrid

La folie Ramírez

MADRID - Il est de la famille d’Unica Zürn et d’Adolf Wölfli. La création de Martín Ramírez (1895-1963) peut être rangée dans la catégorie de l’art brut, de l’art outsider ou, plus brutalement, de « l’art des fous » qu’avait étudié Hans Prinzhorn… Souffrant de schizophrénie, ce Mexicain tente de trouver une issue à la guerre civile et à la crise économique qui ravagent son pays en cherchant de travail dans les chemins de fer californiens. Au chômage, sans domicile fixe dans un pays dont il ne parle pas la langue, il est interné en 1931. Autodidacte, il produit lui-même ses couleurs, en faisant fondre des tubes dans sa casserole, et ses feuilles, en assemblant des bouts de papier qu’il colle ensemble au moyen de pomme de terre crue et de salive. Comme il souffre de tuberculose, tous ses dessins finissent à la poubelle… jusqu’à ce qu’un psychiatre y décèle au début des années cinquante une dimension artistique. Pour cette première exposition européenne de l’œuvre de Ramírez, une soixantaine de dessins ont été réunis sur les quelque 500 qu’il a produits (jamais signés, ce qui complique l’établissement d’un catalogue) avec ses thèmes obsessionnels : cerfs et cavaliers, tunnels, paysages géométriques.
Martin Ramírez. Marcos de reclusión au musée Reina Sofía, du 30 mars au 12 juillet 2010.

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Les régents des Onze luminaires : le soleil, la lune et les cinq planètes, dynastie Ming, période Jingtai, 1454 rouleau vertical, encre, or et couleurs sur soie, deux peintures, hauteur 141 x 80 cm chaque, musée des Arts asiatiques Guimet, Paris © Rmn / Thierry Ollivier

Esthétique du tao

PARIS – Nous aimerions bien voir dans sa figure tutélaire, Lao Tseu, qui aurait vécu au VIe siècle avant notre ère, une divinité. C’est plutôt un éveilleur de conscience, un guide sur la voie de la justice et de la sagesse. Constituant l’un des fondements de la civilisation chinoise, à côté du bouddhisme et du confucianisme, le taoïsme est une philosophie qui conserve aux yeux des Occidentaux tout l’attrait du mystère et de l’ésotérisme, symbolisé par les concepts du yin et du yang. L’exposition du Grand Palais, qui s’appuie sur les collections du musée Guimet et de quelques musées étrangers, dont ceux de Taiwan, tente un décryptage par le filtre de l’art. Peintures sur soie, porcelaine céladon, sarcophages en calcaire, sculptures de bronze, manuscrits – au total, près de 250 pièces qui ont échappé aux innombrables persécutions et saccages - montrent comment atteindre à cet état d’harmonie avec le cosmos. La Réunion des musées nationaux profite de cet élan spirituel pour réaliser sa première exposition « éco-responsable » avec cimaises réutilisables en aluminium, peintures sans solvant et consommation lumineuse divisée par vingt grâce à l’éclairage par led.
La voie du Tao, l’autre chemin de l’être au Grand Palais, du 31 mars au 5 juillet 2010. Catalogue Rmn, 45 €.

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Léonard Foujita, Autoportrait,11 juin 1922, huile sur soie, 26,1 x 19,9 cm., Japon, Collection particulière, © Adagp, Paris 2010

Foujita Champagne

REIMS – Japonais de Paris, Foujita a fréquenté toute la bohème artistique des Années folles, de Modigliani à Picasso. En 1933, rentré au pays, il connaîtra une seconde carrière en tant que peintre quasi officiel de la guerre. Marqué par ses atrocités, il revient en France et se convertit au catholicisme à Reims en 1959, prenant le prénom de Léonard en hommage à Léonard de Vinci. Sa nouvelle foi le poussera à édifier et décorer une chapelle, celle de Notre-Dame-de-la-Paix, où il se fera enterrer. Sa veuve, décédée en 2009, 41 ans après lui, a donné à la ville de Reims trois œuvres de Foujita (des Vierge d’inspiration Renaissance, qui justifient son surnom de Fra Angelico nippon), qui constituent le socle de l’exposition. Celle-ci présente notamment quatre grands tableaux blancs de la fin des années vingt (dont les Lutteurs), restaurés récemment, qui marquent son inflexion vers une peinture plus monumentale inspirée par Diego Rivera, et le grand triptyque de l’Apocalypse, sur les malheurs de la guerre.
Foujita monumental. Enfer et paradis au musée des Beaux-Arts, du 1er avril au 8 juin 2010. Catalogue Hazan, 30 €.

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Artaujourdhui vous conseille aussi…

•Les Adivasi, populations autochtones de l’Inde, persécutées et classées parmi les plus basse castes, sont enfin à l’honneur : le musée du quai Branly étudie leur riche patrimoine culturel – musique, danse mais aussi peinture et sculpture. Du 30 mars au 18 juillet 2010.

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•Le Kunstmuseum de Coire (Chur), dans les Grisons, consacre une rétrospective à Giovanni Giacometti. Le père du très célèbre Alberto a été un peintre renommé du début du XXe siècle. Ami de Segantini et de Cuno Amiet, il fut un grand coloriste, passionné par la nature suisse. Du 27 mars au 24 mai 2010s.

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•Alors que les lettres de Joséphine viennent de flamber aux enchères (chez Osenat, le 27 mars), le château de Compiègne, sous le titre explicite La politique et l’amour célèbre les rapports de Napoléon avec sa seconde épouse, Marie-Louise. Du 28 mars au 19 juillet 2010.

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VENTES

Art nouveau à petit prix

PARIS - Presque un siècle d’art décoratif français et européen : c’est l’arc de temps balayé par cette vente, qui offre des lots à prix très accessible, à partir de quelques centaines d’euros : lampes et petit mobilier, ou, dans la verrerie Art nouveau, à côté des immanquables Daum et Gallé, des vases et des coupes de créateurs moins connus comme Georges Despret, Gabriel Argy-Rousseau, Albert-Louis Dammouse. Les distinctions de style étant parfois ténues, l’introduction de la vacation se fait avec des toiles symbolistes d’Alphonse Osbert et Georges de Feure et des céramiques hongroise de Zoslnay. Dans l’Art déco, se distinguent quelques belles pièces, notamment des appliques de Rateau ayant appartenu à Charles Jourdan. Les prix s’envolent logiquement à près de 100 000 €, confirmant que le Déco continue de primer sur le Nouveau…
Art nouveau, Art déco le 2 avril 2010 à Richelieu-Drouot (Millon & Associés)

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Jean-Jacques Dournon, Transi n°23, 2000, acrylique et fusain, 105.5 x 75 cm, © Photo : Bertrand Rieger

Les traces de Dournon

Son père est un lexicologue, qui a produit un fameux dictionnaire des difficultés. Jean-Jacques Dournon (né en 1953) écrit aussi son vocabulaire, de préférence au fusain. Dessinateur émérite, il voit la nature en toutes choses : dans les falaises de Bretagne ou dans les paysages du Mékong, mais aussi en scrutant derrière les apparences. Ainsi dans le Transi de Ligier Richier, admirable sculpture de la Renaissance qui représente le cadavre de René de Chalon (exposé dans l’église Saint-Etienne à Bar-le-Duc), il voit des poissons, des pierres, des fleurs. Ami du poète Guillevic et du couple de peintres formé par Arpad Szenes et Vieira da Silva, Dournon a, comme eux, cette capacité de transfigurer la réalité. Créateur discret, préférant les longues résidences (récemment en Corée) à l’agitation des salons d’art contemporain, il trace sa voie comme un dessin dans le sable noir.
•Jean-Jacques Dournon est exposé au musée eucharistique du Hiéron (71600 Paray-le-Monial) du 20 mars au 31 décembre 2010.

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LIVRES

Sport au musée

L’initiative est transversale et intéressante. Les conservateurs des musées publics d’Ile-de-France ont répondu à un questionnaire : quelles œuvres leur établissement possède-t-il sur la thématique du sport ? La réponse occupe 180 pages et on imagine qu’elle n’est que parcellaire. Tous se sont pris au jeu, du Louvre au musée municipal de Colombes, en passant par le musée du Jouet de Poissy et, évidemment, le musée national du Sport. Des statues antiques (lutteurs du Louvre ou discobole du Petit-Palais) jusqu’au maillot de rugby offert à Mac Orlan en 1967, le grand écart est fort stimulant, d’autant qu’il aborde des questions polémiques – le sport et la femme, le sport et la race, etc. En chemin, on croise les boules lyonnaises, la raquette de Stéphane Mallarmé, le dossard en soie porté par Mimoun lors de sa victoire au marathon des Jeux de Melbourne en 1956, une compression de César, des vignettes de Daumier et de beaux portraits de Bernard Boutet de Monvel (qui mourut dans le même accident aérien que Marcel Cerdan). Un gros regret : que l’appétit de visite qui suit la lecture ne soit pas facilité : les adresses des musées ne sont pas indiquées.
Sport ! Quand les musées font équipe, ouvrage collectif, Somogy, 2009, 184 p., 29,50 €

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BRÈVES

LONDRES – Le projet Orbit Tower de l’artiste Anish Kapoor, une tour de 120 mètres de haut, a été choisi le 31 mars 2010 par l’administration du maire Boris Johnson comme symbole des Olympiades 2012.

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LONDRES – L’architecte Jean Nouvel a été choisi pour dessiner le 10e pavillon temporaire de la Serpentine Gallery, dans Hyde Park. Cette structure de métal rouge sera visible du 5 juillet au 20 octobre 2010.

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LOS ANGELES – Le prix Pritzker, la plus célèbre des distinctions pour l’architecture, a été attribué le 29 Mars 2010 à l’agence japonaise Sanaa, à qui l’on doit notamment le New Museum de New York et le Louvre Lens (en cours de réalisation).

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MADRID – Le musée du Prado a inauguré le 25 mars 2010 ses nouvelles salles consacrées à la peinture espagnole du Moyen Age et de la Renaissance.

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PARIS – Le plafond commandé par le musée du Louvre à l’artiste Cy Twombly pour la salle des Bronzes, est ouvert au public depuis le 25 mars 2010.

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PARIS – La 64e édition du salon des Réalités nouvelles, créé en 1947, se tient du 4 au 11 avril 2010 au Parc floral. Il réunit 400 artistes abstraits.

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PARIS - Le premier prix COAL, récompensant un projet artistique sensible au développement durable, a été décerné le 31 mars 2010 à Thierry Boutonnier, pour son approche écologique des travaux de l’Entrée du Grand Est de Lyon.

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This is war ! Corée 1950-1953 David Douglas Duncan

MOUGINS – Le musée de la photographie André Villers présente le reportage bouleversant du photographe américain David Douglas Duncan sur la guerre de Corée. Réalisé pour le magazine Life, il présente le vrai visage du conflit le plus meurtrier depuis 1945.

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