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N° 341 - du 3 avril 2014 au 9 avril 2014


Khanjiyan, Célébration du chemin de fer à Edirne, 1877. Bruxelles, collection particulière © Tajan (exposition Il était une fois l'Orient Express, Institut du monde arabe, Paris)

L'AIR DU TEMPS

Orient Express, un mythe qui dure

PARIS – Il symbolise tout à la fois le voyage, la liberté, l’exotisme, le luxe. En un mot, la Belle Epoque. Le mythe de l’Orient Express, ce fastueux train lancé par le Belge Georges Nagelmackers en 1883, a résisté au passage du temps, malgré sa disparition au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. A sa naissance, l’écrivain Edmond About écrivait : « Constantinople est devenu une banlieue de Paris » Il fut source d’inspiration pour les écrivains Agatha Christie, Graham Greene ou Maurice Dekobra (le poète des sleeping cars), pour les cinéastes Ophuls, Mankiewicz ou Lumet, pour Lalique ou l’ébéniste anglais Albert Dunn, auteurs des fastueux décors hantés par Mata Hari, Marlene Dietrich ou Joséphine Baker. L’Orient Express revit dans une scénographie dérivée de ses célèbres wagons et des malles qu’emportaient les voyageurs. Le mécénat de la SNCF ne semble pas entièrement désintéressé : la société des chemins de fer français a racheté la marque et laisse entendre à demi mots que la célèbre ligne pourrait renaître de ses cendres…
Il était une fois l’Orient Express à l’Institut du monde arabe, du 4 avril au 31 août 2014.

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EXPOSITIONS

Paris 1900, nostalgie de la Belle Epoque

PARIS – Il est curieux de voir comment certaines expositions se répondent parfois de façon étonnante. Entre les fastes cosmopolites de l’Orient Express et la vitalité jouisseuse de Paris en 1900, c’est une réelle analogie. Le propos est ici très large, englobant la peinture, la naissance de l’Art nouveau (propulsé par le galeriste Bing), la mode (Worth et les sœurs Paquin), la musique (Debussy), le mécénat (de la comtesse Greffulhe ou de la princesse de Polignac), les plaisirs licites et interdits (du French cancan à l’absinthe)… et même le cinéma naissant avec Méliès et les Lumière. Quel bâtiment pouvait mieux abriter ce déploiement de 600 œuvres que le Petit Palais, l’un des édifices majeurs de l’Exposition universelle 1900, qui attira… 51 millions de visiteurs ? A côté de Mucha, Rodin et Toulouse-Lautrec, la rétrospective permet de mettre en avant des peintres mondains comme Gervex ou Béraud, interprètes d’une floraison que la Grande Guerre allait réduire à néant.
Paris 1900, la ville spectacle au Petit Palais, du 2 avril au 17 août 2014.

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Mode all’italiana

LONDRES – Dans les années de l’après-guerre, la mode italienne taille des croupières à l’hégémonie française. Des sœurs Fontana à Valentino, de Ferragamo à Pucci, les maisons transalpines, mêlant un savoir-faire séculaire et un marketing moderne, brillent sur les passerelles d’Europe et séduisent les stars hollywoodiennes. L’exposition rassemble des pièces de choix mais se veut aussi prospective : quel avenir pour la mode italienne à l’heure de la mondialisation ? Le capital des grandes maisons n’a jamais été aussi international et les célèbres ateliers textiles de Prato sont de plus en plus contrôlés par les Chinois…
Italian Fashion, 1945-2014 au Victoria & Albert Museum, du 5 avril au 27 juillet 2014.

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Sert, architecte de la lumière

SAINT-PAUL-DE-VENCE – La fondation Maeght fête son 50e anniversaire en mettant en avant l’auteur du bâtiment, le Catalan Josep Lluís Sert (1901-1983). Collègue de Le Corbusier, ami de Miró, dont il réalisera l’atelier à Majorque, on oublie souvent que cet architecte cultivé et cosmopolite possède un riche corpus, que l’exposition passe en détail. Jeune, il fut notamment l’auteur d’un bâtiment symbolique : le pavillon espagnol à l’Exposition internationale de Paris en 1937, où Guernica fut exposé pour la première fois.
L’art et l’architecture de Josep Lluís Sert à la fondation Maeght, du 5 avril au 9 juin 2014.

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Henri Le Sidaner, Table bleue, Gerberoy, 1923 – © Bruno Jagerschmidt, Collection Singer Laren, The Netherlands

L’heure de Le Sidaner

LE TOUQUET – Henri Le Sidaner (1862-1939) est un peintre marqué par l’influence impressionniste et nabi, dont le goût pour la nature et le paysage se lit dans les toiles dédiées à son jardin chéri de Gerberoy. Dans le cadre d’une rétrospective en quatre volets, menée conjointement avec les musées de Cambrai, Dunkerque et Etaples, cette exposition évoque son cercle proche, incluent son mécène Henri Duhem ou le peintre Henri Martin.
Le Sidaner et ses amitiés artistiques au musée du Touquet, du 5 avril au 28 septembre 2014.

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Munari, génie à tout faire

MILAN – La liste de ses dons est interminable : Bruno Munari (1907-1998) a été à la fois peintre, photographe, cinéaste, poète, graphiste et évidemment, designer, source essentielle de son audience. Ses tout aussi innombrables amitiés (de Max Bill à Vasarely et Giulio Paolini) l’ont placé au centre de la scène artistique italienne et européenne. L’exposition fit le bilan de cette activité inlassable d’animateur culturel.
Munari politecnico au Museo del Novecento, du 6 avril au 7 septembre 2014.

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VENTES


Lot 31 : sac perlé Winnebago, Wisconsin, vers 1840. Estimation : 20 000 €.

L’appel des Sioux

PARIS – Les Indiens des Plaines sont à l’honneur, le musée du quai Branly leur dédiant une grande exposition (à partir du 8 avril). Cette vente ne pouvait donc être mieux programmée : elle rassemble des éléments de deux collections historiques (dont une partie est déjà au musée), mises sur pied par deux passionnés à partir des années trente lorsque la plupart de ces objets étaient encore accessibles. Parallèle à l’engouement d’André Breton pour les poupées Kachina, celui de Paul Coze (1903-1974) et de Maurice Dérumaux (1901-1985) se porte plutôt sur les productions des communautés du Nord (Iroquois, Sioux). Celles-ci se distinguent par leurs habitations nomades (tipis) et par leur art du perlage, qui donne lieu à d’extraordinaires créations composites mêlant graines, coquillages et perles de Murano importées par les Européens.
Indiens des Plaines, collection Martine Dérumaux à l’hôtel Drouot le 4 avril 2014 (Tessier & Sarrou)

Lot 31 : sac perlé Winnebago, Wisconsin, vers 1840. Estimation : 20 000 €.

L’ARTISTE DE LA SEMAINE

George Rousse, architecte du trompe-l’œil

Son site internet le qualifie de « peintre, photographe, architecte ». Son art est effectivement à la croisée de ces trois disciplines. Georges Rousse intervient sur le bâti, peignant des motifs qui doivent être vus sous un angle précis pour révéler une image particulière. Mais il n’est pas simplement un virtuose du trompe-l’œil : ses interventions aident aussi à requalifier des zones délaissées et à nous réapproprier notre environnement urbain. De musées en théâtres, de châteaux (Chambord par exemple) en parkings, d’usines désaffectées en sites symboliques (Ramallah, Jérusalem, Banque centrale européenne, prison Saint-Paul à Lyon, bidonvilles de Bombay), elles sont foncièrement éphémères et ne peuvent donc survivre que par le témoignage de la photographie.
Georges Rousse, utopies partagées présente 32 ans de créations au Plateau (Lyon), du 4 avril au 26 juillet 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Rose Valland : merci à Hollywood…

Une bande dessinée lui a été consacrée il y a quelques années (par Catel Muller et Emmanuelle Pollack), prouvant qu’elle avait bien l’étoffe d’une héroïne. Le film, Monuments Men, où elle est interprétée par Cate Blanchett, vient de lui donner une notoriété planétaire. Quelle alchimie préside à cet erratique travail de reconnaissance ? Car l’action de Rose Valland (1898-1980), conservateur au musée du Jeu de paume pendant l’Occupation, était connue depuis longtemps. Janet Flanner, correspondante du New Yorker, la cite dans un grand reportage de février-mars 1947 sur ces hommes et femmes qui se mobilisèrent pour contrer les spoliations d’art par les nazis. Et elle apparut en bonne place en 1964, sous les traits de Suzanne Flon, dans le film à succès de John Frankenheimer, Le Train. Elle-même avait écrit un compte-rendu circonstancié de son engagement, à Paris puis en Allemagne, à Lindau ou Baden-Baden. Ce Front de l’art, édité en 1961 à 4000 exemplaires, avait été soldé et pilonné par Plon en 1966, Rose Valland n’en sauvant que 500 exemplaires en les achetant, avec ses deniers, à 3 francs pièce… C’est cet ouvrage, introuvable depuis lors, qui est enfin réédité, avec un appareil critique et un indispensable index : aussi passionnant qu’un roman, il est l’indispensable complément du film de George Clooney.
Le Front de l’art, défense des collections françaises, 1939-1945, par Rose Valland, Réunion des musées nationaux, 2014, 408 p., 22 €.

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Cette semaine, ne manquez pas…

LAUSANNE XL

Les collections photographiques du Musée historique de Lausanne sont riches de plus de 300 000 images. Tragiques ou heureux, documentaires ou esthétisants mais toujours d’une qualité exceptionnelle, une trentaine de ces clichés, en grand format, ont été sélectionnés et organisés en six thématiques, couvrant 150 ans d’histoire.

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